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Fière centenaire

Françoise Touchette Parent, une résidante Verdun, a eu 100 ans. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Françoise Touchette-Parent est aussi droite et fière que l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, qui célèbre elle aussi ses cent ans cette année. Toutes deux ont été témoin de la construction et la transformation de Verdun,

«J’ai vu qu’ils faisaient des travaux sur l’église. Elle est comme moi. Elle a tous les charmes de la vieillesse», raconte avec humour la jubilée. Le temps a tout de même été clément envers elle, ne s’attaquant qu’à sa vue et son ouïe. Si elle a suffisamment d’autonomie pour encore habiter sa maison de l’avenue Bannantyne, elle ne peut plus admirer comme elle le souhaiterait le portrait de son mari dans la cuisine ni écouter les opéras qu’elle allait voir avec lui très souvent.

Dans le salon rose de sa demeure, construite par son beau-père, l’épicier Éléodore Parent, Mme Touchette-Parent parle avec beaucoup d’amour de son Adrien, qui lui a donné «cinq beaux enfants».

Le Verdun des amoureux
À travers les souvenirs de l’époque où elle fréquentait le jeune administrateur juridique, la veuve nous fait découvrir les attraits du Verdun de la fin des années 1930. Les couples étaient nombreux à se balader sur le boardwalk, la promenade de bois qui longeait le fleuve, ou à partir en canot pour se rendre sur l’île des sœurs, pas encore développée.

Ces escapades se terminaient la plupart du temps par un petit Coca-Cola partagé au restaurant. Encore aujourd’hui, Mme Touchette-Parent apprécie beaucoup sa petite liqueur, toujours dans une bouteille de verre, avec une paille.

L’été apportait beaucoup d’autres avantages, du Natatorium très populaire à l’époque, aux entrées clandestines au cinéma du Théâtre Palace, dont les portes arrière restaient ouvertes par grande chaleur.

Monuments
Verdun a bien changé depuis l’enfance de Françoise Touchette-Parent, qui a grandi entre le magasin de chaussures de luxe que son père tenait sur la rue Wellington et le salon de coiffure de sa mère, sur la rue de Verdun.

La centenaire a vu construire le Pont Champlain, l’Hôpital de Verdun, l’Auditorium…

«Je me rappelle même la campagne de financement que Monseigneur Richard avait organisé pour la statue du Sacré-Cœur, juste à côté de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Ma mère avait donné 10$. C’était tout un sacrifice pour une femme qui élevait douze enfants», raconte Mme Touchette-Parent, la dernière de sa fratrie.

Chaque fois qu’elle passe devant la statue, elle se dit qu’une petite partie de l’œuvre revient au mérite de sa mère.

Coquetterie
Avant d’épouser Adrien Parent, Françoise était coiffeuse avec ses deux sœurs dans le salon de sa mère, Germaine’s Beauty Shop.

Opposé à l’église Notre-Dame-de-Lourdes, il était fréquenté par une très bonne clientèle. «Il y avait beaucoup plus d’anglophones, à l’époque, et beaucoup de gens en moyens. Mais les prix étaient beaucoup moins élevés qu’aujourd’hui. Quand on chargeait 5$ pour une permanente, c’est que la cliente était bien riche», fait-elle valoir.

Même après ses noces, l’ancienne coiffeuse n’a pas totalement arrêté ses activités. Elle recevait des clientes chez elle comme passe-temps. Puis elle a été bénévole pendant une vingtaine d’années au Manoir de Verdun, qui offrait coupe, mise en plis et manucure aux personnes âgées.

«C’était une période extraordinaire dans ma vie. Pour les pensionnaires, c’était des moments importants, un rassemblement. Et après les soins, on faisait des jeux et on discutait», raconte-t-elle avec nostalgie.

Malgré son âge vénérable, Mme Touchette-Parent ne saurait être vue avec les cheveux en désordre. «L’orgueil ne meurt jamais», lance-t-elle. C’est pourquoi ses filles,  médecins et enseignante, sont aujourd’hui responsables de l’apparence soignée de leur mère, la coiffant avec talent.

Très bien entourée, Mme Touchette-Parent a reçu de nombreuses attentions, cartes, bouquets de fleurs et paniers-cadeaux de ses parents et amis pour son centième anniversaire. Une preuve bien tangible de la marque qu’elle a laissée dans la vie de plusieurs de ses concitoyens.

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