Maladie d'Alzheimer: une découverte prometteuse

Le Docteur Judes Poirier présentait à la communauté scientifique internationale lors d’un congrès à Copenhague (du 12 au 17 juillet), une découverte qui explique pourquoi certaines personnes seront plus sujettes à développer la maladie d’Alzheimer, et d’autres pas.

C’est en effet une variante génétique relativement fréquente dans la population, qui confère une protection substantielle contre la forme la plus commune de la maladie d’Alzheimer, pouvant ainsi retarder jusqu’à quatre ans le déclenchement de la maladie.

Au fil des années, des cellules du cerveau meurent et laissent des débris composés de cholestérol qui sont redistribués par une protéine vers les neurones voisins. Ces débris servent à construire de nouveaux branchements entre les neurones existants. Quand la récupération de ce cholestérol est insuffisante, le cerveau doit produire ce cholestérol. Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce mécanisme est défectueux.

«Quand on parle de cholestérol dans le cerveau, c’est vraiment le cholestérol qui constitue la fibre même, la texture du cerveau et non le bon ou le mauvais cholestérol qui circule dans le sang », précise le Dr Poirier.

De l’infiniment grand à l’infiniment petit

Comment le Docteur Poirier s’est-il intéressé à la science? C’est en regardant les exploits des cosmonautes dans l’espace et sur la lune que le jeune Judes Poirier a crû qu’il avait la vocation pour ce métier périlleux. Renonçant à la conquête de l’espace, Judes Poirier s’est tourné vers la biologie. L’étudiant a suivi de près les progrès dans le traitement de certaines maladies mentales. Dans les années 1990-93, le jeune homme est devenu professeur à McGill et chercheur au Douglas.

De découverte en découverte, le scientifique s’est orienté vers la prévention par la détection des attributs génétiques qui prédisposent à l’Alzheimer. Au Douglas on ne s’inquiète pas des délais, Poirier travaille depuis plus de 25 ans à tirer toutes les ficelles d’une maladie qui n’a pas encore livré tous ses secrets. On peut étudier le cancer chez des rats de laboratoire mais on ne peut pas provoquer l’Alzheimer chez des animaux «car cette maladie n’existe que dans le genre humain», selon le Dr Poirier. Celui-ci est particulièrement fasciné par le nombre grandissant de centenaires chez nos concitoyens, et surtout de centenaires lucides et en santé, un défi qui démontre que certaines personnes échappent carrément à la maladie d’Alzheimer

Financement et rayonnement

Grâce à l’affiliation du Douglas avec l’Université McGill et grâce à la Fondation de l’Institut qui amasse des dons consacrés à la recherche dans une proportion de 80%, et au mieux-être des patients, dans une proportion de 20%, les chercheurs reçoivent un appui tangible. Pour les professeurs et les étudiants de McGill, l’Institut est un lieu idéal pour effectuer des stages et poursuivre des recherches.

Suzanne Bélanger, directrice-générale de la Fondation du Douglas confirme ces chiffres en insistant sur les trois sources principales de financement qui sont: les dons d’entreprises, les individus et les successions. Les travaux effectués par le Docteur Judes Poirier et d’autres scientifiques sont subventionnés par les différents paliers de gouvernement en contrepartie de dons du secteur privé dans une certaine proportion. La directrice cite en exemple, le don de plus de 2 millions de dollars de Bell pour la banque de cerveaux, qui répond aux besoins des chercheurs de partout dans le monde. D’autres acquisitions comme celles de scanners de grande puissance ont propulsé la recherche à un haut niveau.