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Plus de 800 bénévoles pour dépister l’itinérance à Montréal

Le 24 mars prochain, plus de 800 bénévoles et des dizaines de travailleurs de rue s’armeront de papiers et de crayons, et sillonneront les rues, les parcs, les stations de métro et les refuges de Montréal afin de recenser les itinérants de la métropole. Un exercice imparfait, mais nécessaire.

En décembre dernier, la Ville de Montréal a octroyé le contrat du dénombrement au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Cette initiative est la première mesure concrète découlant du Plan d’action montréalais en itinérance, annoncé par le Maire de Montréal, Denis Coderre, à l’automne.

L’objectif? Mesurer l’ampleur de l’itinérance, et trouver les moyens les plus efficaces de la réduire.

Les plus récents portraits de l’itinérance, qui datent de 1995, évaluent à entre 20 000 et 25 000 le nombre de sans-abri dans la métropole. Les derniers chiffres disponibles à cet égard sont obsolètes, et se fondent sur les statistiques de fréquentation des refuges.

Le dénombrement souhaité par la métropole, bien que plus précis, sera toutefois loin d’être parfait, puisque l’itinérance se décline de plusieurs manières parfois insoupçonnées, et n’est pas nécessairement visible.

Méthode éprouvée
Tout au long de la soirée, les bénévoles seront amenés à interpeller les passants et à leur demander s’ils ont un toit où passer la nuit. Les personnes en situation d’itinérance seront invitées à remplir un questionnaire qui recueillera des informations sur l’âge, le sexe, le statut au Canada, l’historique et les raisons de l’itinérance et les ressources d’aide utilisées au cours des six derniers mois, entre autres.

Cette méthode, bien qu’imparfaite, est loin d’être unique. Plusieurs autres métropoles à travers le monde entreprennent régulièrement ce type de dénombrement.

«Les dénombrements comme celui-là ne vont pas identifier tout le monde, explique docteur Éric Latimer, porte-parole et chercheur principal sur le projet. L’itinérance est difficilement quantifiable, et il y a toujours des gens trop en marge que nous n’atteindrons pas. Mais nous pourrons au moins en caractériser une partie. C’est le mieux qu’on puisse faire pour l’instant.»

Afin de rejoindre le plus de personnes possibles, l’opération se poursuivra jusqu’au 26 mars. Durant les deux jours supplémentaires, le bénévoles se rendront dans les centres de jour et les soupes populaires, afin de dénombre l’itinérance cachée.

«Il y a beaucoup de gens qui résident temporairement chez des connaissances ou dans un motel abordable, ou qui vivent de la prostitution. Ces gens ne dorment pas dans la rue, mais ils n’ont pas de résidence permanente», ajoute le chercheur.

Mettre en place des outils ciblés
Selon Dr. Latimer, l’efficacité de l’exercice se précise lorsqu’il est effectué à intervalles réguliers, une idée qui intéresse la Ville de Montréal. Certaines autres villes ont pu dégager des tendances et mettre en place des ressources précises reliées à ces dernières afin de contrer l’itinérance.

«À Toronto, lors du premier dénombrement en 2006, on a constaté que plusieurs personnes dormaient dans les rues et les parcs. Plusieurs ressources ont été implantées afin d’aider les itinérants à quitter ces lieux. Lors du recensement suivant, en 2009, le nombre de gens dans les rues la nuit avait considérablement diminué.»

Plus récemment, l’ajout d’une section sur l’orientation sexuelle au questionnaire torontois a permis de découvrir que plusieurs jeunes avec une orientation sexuelle autre faisaient partie de la population itinérante.

«Ce résultat a aidé la ville à s’orienter et à diriger son énergie vers cette clientèle plus spécifique, souligne le chercheur. Le fait de pouvoir documenter l’évolution dans la composition et la localisation de la population nous amène à moduler l’intervention plus efficacement.»

Accompagner les bénévoles
Les bénévoles impliqués recevront une courte formation de la part des travailleurs sociaux sur la manière d’aborder les gens, sur la sécurité et sur les mesures à prendre en cas de crise. Les points plus à risque seront couverts par les travailleurs de rue.

Plus de 800 personnes ont déjà manifesté leur intérêt au projet, soit 200 de plus que la cible fixée au départ par l’Institut Douglas.

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