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Autisme: des tablettes pour ouvrir les horizons

Photo: Anne-Frédérique Hébert-Dolbec/TC Media

Les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) qui fréquentent l’école primaire Lévis-Sauvé pourront désormais se développer et apprendre plus facilement grâce à des outils adaptés à leur besoin. La Fondation Justine et Florence a offert, le 19 juin, 10 tablettes électroniques avec logiciels adaptés aux cinq classes spécialisées de l’école.

Lorsqu’on entre dans la classe de Marie-Claude Desforges et Véronique Vallée, aucun son n’est perceptible. Attablés en rond au centre de la pièce, huit enfants, écouteurs aux oreilles, fixent leur tablette avec attention.

Leurs doigts s’agitent sur l’écran, tracent des lettres et des chiffres, comptent des grenouilles, cherchent des mots cachés et colorent des images. Benjamin (nom fictif) lève son poing en l’air. Fier, il penche son écran vers son enseignante. Il a réussi toutes ses additions, et peut maintenant ajouter un chapeau à son avatar.

«Les enfants TSA ont souvent une moins bonne dextérité manuelle, explique Mme Vallée. Avec la tablette, c’est leur doigt qui devient leur outil. Ça décuple les horizons au niveau de l’apprentissage.»

Possibilités infinies
Catherine Chevrette et Nancy Ménard-Cheng, co-fondatrices de la Fondation, sont mamans de Justine et Florence, deux jeunes filles atteintes d’un trouble envahissant du développement. Pour elles, l’arrivée d’une tablette électronique à la maison a tout changé.

«Avant la tablette, je pensais que Justine était incapable de lire et écrire, raconte Mme Chevrette. Un jour, alors qu’elle était absorbée par son écran, j’ai regardé par-dessus son épaule et j’ai vu qu’elle écoutait une vidéo de La Fée Clochette. Elle l’avait cherchée elle-même sur Youtube.»

«Plusieurs enfants TSA ont de la difficulté à assimiler les explications et les questions orales, explique Mme Ménard-Cheng. Ils ont besoin de repères visuels. Les applications permettent notamment une rétroaction rapide et voyante. Si tu n’as pas la bonne réponse, tu le sais immédiatement. Si tu as réussi, tu obtiens une récompense.»

Les professeures de l’école Lévis-Sauvé ont bien compris cette importance du visuel. Elles filment parfois leurs propres explications pour que les enfants puissent revoir l’enregistrement à leur guise sur leur tablette.

Une priorité
«Lorsque nous avons démarré notre fondation, notre objectif était de faire une différence dans la vie et le développement des enfants autistes au sein du milieu scolaire. On a discuté avec les enseignants et les spécialistes. Tout le monde priorisait l’achat de tablettes, » ajoute Mme Ménard-Cheng.

Les logiciels adaptés permettent aux enfants de faire de la lecture, de l’écriture, en plus de compter, d’additionner, de résoudre des problèmes et de réaliser des films et des bandes-dessinées.

«Ce n’est pas toujours aussi calme dans la classe, rigole Mme Desforges. Le temps de concentration est grandement prolongé avec ce nouvel outil. Mine de rien, ils font des mathématiques depuis une demi-heure.»

Au total, la Fondation Justine et Florence remettra près de 100 tablettes électroniques pour les élèves autistes de 49 classes du réseau scolaire public québécois d’ici octobre. Cette initiative découle notamment de la campagne de sensibilisation et de financement «Nous sommes plus de 8000», qui a été lancée en avril 2015.

À terme, les co-fondatrices espèrent être en mesure d’offrir deux tablettes pour chaque classe spécialisée pour les enfants TSA, soit 3000, d’ici cinq ans. Ce projet représente un investissement de 3 millions $.

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