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Une économie entre l’innovation et l’inconnu

L'Esplanade offre des espaces qui peuvent être loués par des entreprises pour leurs employés
L'Esplanade offre des espaces qui peuvent être loués par des entreprises pour leurs employés Photo: Gracieuseté

Que ce soit pour se faire de l’argent de poche où participer au fleurissement d’une communauté, plusieurs Québécois ont déjà adopté les préceptes de l’économie collaborative, une nouvelle bête encore méconnue.

Faut-il trouver dans la crise immobilière, bancaire et financière de 2008 l’origine de l’intérêt qu’ont certains particuliers partout dans le monde pour Uber, Airbnb ou Kijiji? «En partie», selon Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la Consommation responsable, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«[Les utilisateurs des plateformes collaboratives] ne s’en servent pas nécessairement pour faire des économies, ni par contrainte financière, mais plutôt afin de mieux consommer, de mieux vivre, pour trouver des solutions plus intelligentes à leurs besoins. Les gens se tournent vers les plateformes aussi à cause de leur facilité d’utilisation», affirme le professeur.

On retrouve déjà dans la province plus de «180 acteurs», selon lui. Le phénomène est donc bien implanté, et avec celui-ci viennent de nombreux défis.

Pour Guillaume Lavoie, conseiller de ville dans l’arrondissement de Rosemont – La Petite-Patrie, il est important de se pencher sur cette problématique dès aujourd’hui, surtout en matière de réglementation.

«Il ne s’agit pas de créer un Far West, mais de bien encadrer. La meilleure analogie que je puisse vous donner est celle de l’internet. Cette invention peut offrir tout ce qu’il y a de plus terrifiant, mais aussi de plus extraordinaire» -Guillaume Lavoie.

Ce dernier se refuse d’avoir une position unique sur cet enjeu «de la même façon que l’on ne devrait pas avoir une position unique sur l’économie en général», affirme M. Lavoie.

Le politicien revient d’un voyage en Corée du Sud, lors duquel il a participé à la Seoul Sharing Festival, le 6 et 7 novembre 2016. C’est parce qu’il a travaillé a l’élaboration de la nouvelle réglementation permettant et encadrant la location d’espaces de stationnement et d’entreposage dans son arrondissement que M. Lavoie accumule maintenant 80 prises de paroles à ce sujet lors de conférences depuis 2015.

Difficile à cerner
La complexité de l’économie collaborative se pose d’entrée de jeu. Sa définition reste floue selon les experts. «Même dans le milieu, on dit que personne ne partage la même définition pour l’économie du partage», lance à la blague Guillaume Lavoie.

En évaluer les retombées lance aussi un grand défi. «Il y a beaucoup de valeurs qui ne sont pas comptabilisées, incluant la réputation qu’un utilisateur peut obtenir auprès de sa communauté après de bons services», lance Alexandre Bigot-Verdier, connecteur de Oui Share au Québec.

L’entreprise, qui fait aussi office de magazine, rassemble des centaines de personnes dans le monde qui se penchent sur ces enjeux. Rechercher, expérimenter et éduquer sur l’économie collaborative, voilà son pain et son beurre.
«Ces transactions échappent parfois à l’économie marchande», convient le professeur Durif, qui rappelle cependant que le Québec est présent depuis longtemps sur la carte de la collaboration. Il suffit de penser à certains sites tels que Kijiji ou LesPac pour le constater.

Si certains gros joueurs internationaux viennent déranger, il ne faut toutefois pas oublier les initiatives locales, plus près des communautés et qui sont sources d’innovations, souligne pour sa part M. Bigot-Verdier.

La Remise, une bibliothèque d’outils de bricolage dans le quartier Villeray en est un bon exemple, selon M. Lavoie.
Ce dernier entrevoit une nouvelle génération de politiciens, de juristes et même de journalistes qui devront se pencher sur le phénomène. Il se veut rassurant, l’économie collaborative ne doit pas être crainte. «L’innovation devance toujours l’encadrement. C’est à nous de suivre afin de bien l’encadrer», soutient M. Lavoie.

5 entreprises collaboratives d’ici
Ces initiatives montréalaises redéfinissent la façon dont les gens travaillent et partagent.

IStockbox, Rosemont – La Petite-Patrie
L’entreprise met directement en relation des propriétaires qui ont de l’espace chez eux avec des locataires qui en manque pour entreposer leurs affaires ou leurs véhicules.

La Remise, Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension
Sa mission est de mettre en commun des appareils utilitaires, des espaces de travail et des connaissances afin d’augmenter la capacité d’agir de ses membres tout en facilitant une transition vers un mode de vie plus résilient, solidaire et écologiquement responsable.

La Gare, Plateau – Mont-Royal
Cet espace collaboratif accueille des entrepreneurs, designers, créateurs, artistes, travailleurs autonomes, entrepreneurs sociaux et des petites équipes. On peut y louer des salles, des bureaux, et même un siège à une table commune.

Le Fridge, Rosemont – La Petite-Patrie
Ce frigo communautaire, situé dans le chalet du parc Montcalm vise à freiner le gaspillage alimentaire et nourrir ceux dans le besoin.

L’Esplanade, Rosemont – La Petite-Patrie
Cet espace collaboratif de travail dédié à l’entrepreneuriat et l’innovation sociale offre aussi le service d’«accélérateurs», soit des programmes en aide aux entreprises: À go, on change le monde! et Impact8.

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