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518e lettre sur mon quartier

Chers amis,
Je vous fais parvenir une lettre fort spéciale. Il ne s’agit pas d’une lettre d’information sur divers événements qui se passent dans notre quartier. Je vous fais plutôt parvenir, in extenso, la lettre que j’ai écrite cette semaine à 27 personnes, des nouveaux retraités de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ou encore des gens qui marquent cette année leur 25e ou leur 35e année d’engagement au service de la CSDM. Ces 27 personnes travaillaient ou travaillent encore dans une des 14 écoles de mon quartier.

L’intérêt de cette lettre, ai-je cru, c’est le rappel de ce qu’était l’école montréalaise et la CSDM, il y a 25-30 ans; pour les plus jeunes, je rappelle que la CSDM s’appelait alors la CÉCM (Commission des écoles catholiques de Montréal).

Voici donc la lettre :

Montréal, le 2 novembre 2011

Académie De Roberval : M. Jean J. Choinière, Mme Catherine Costakos, Mme Johanne Dubé, M. Charles Jean, M. Germain Leroux, Mme Francine Perreault

École des métiers du meuble de Montréal : Mme Monique St-Jean-Gackowski

École Gadbois : Mme Josée Marcoux, Mme Johanne Piché

École George-Vanier : M. Jean-Claude Alcindor, M. Alain Bolduc, Mme Marie-France Lévesque, M. Luc Marion

École Henri-Julien : M. Serge Leroux

École Joseph Charbonneau : Mme Sylvie Guay, M. Michel Chometon, Mme Martha Garand, M. Raymond St-Jean

École Père Marquette M. François Deschênes, M. Michel Gendron, M. René Grenier, M. Pierre Lépine

École Saint-Ambroise : Mme Johanne Lévesque

École Saint-Arsène : M. Richard Dubé

École Saint-Étienne : Mme Lise Yale

École Saint-Gabriel-Lalemant : Mme France Bouchard, Mme Claudette Guay-Lauzé, Mme Carole Lizotte-Lachance, M. Yves Robert, Mme Claire Taillon

École Saint-Gérard : Mme Marie-Josée Dufour, Mme Francine Vadnais-Arsenault

École Victor-Doré : Mme Diane Fournier, M. François Langelier, Mme Suzanne Leprince, Mme Huguette Marier, Mme Diane Nadeau, M. Michel Vincent

Mesdames,

Messieurs,

 

Dans quelques jours, la Commission scolaire de Montréal vous rendra hommage pour votre action si significative en éducation. Œuvrer tout ce temps à former les cœurs et les esprits des jeunes n’est certes pas une mince affaire. Vous méritez l’hommage que l’on vous rendra.

Certains pourront avoir l’impression que toutes ces années n’ont pas eu beaucoup de portée. Puis-je suggérer qu’au contraire, peu importe le statut que vous avez occupé, votre action a été très signifiante et pour les personnes que vous avez côtoyées et pour la collectivité. La production intellectuelle, économique et sociale des Montréalais, la présence si nombreuse de jeunes dans les centres de formation professionnelle et les universités, tous ces événements sont le résultat d’une action éducative à laquelle vous avez largement contribué.

L’école d’antan

Vous vous souvenez fort bien, j’en suis sûr, du monde scolaire des dernières années. Vous souvenez-vous de ce qu’était ce monde au début de votre engagement professionnel? Laissez-moi vous rappeler certains événements.

Au début des années 80, pour la première fois, la CECM nomme comme facteur de la décroissance : « l’abandon des écoles de la CECM en faveur de l’école privée ».

En 1982, contrairement à la CECM, les évêques du Québec affirment que la confessionnalité des commissions scolaires n’est plus un absolu. Dans ce mouvement, le régime d’exemption de l’enseignement catholique est remplacé par un régime d’option : les parents ont à choisir entre l’enseignement religieux catholique et l’enseignement moral. Ce régime ne sera obligatoire qu’en septembre 1985.

Au début des années 80, la CECM ouvre des écoles expérimentales : Henri-Julien, Marie-Anne, la Maîtrise des petits chanteurs du Mont-Royal, le Tremplin. On innove aussi par des projets pédagogiques mettant l’accent sur les arts (l’école Sainte-Gertrude) ou sur l’éducation physique (l’école Pierre De-Coubertin). L’école Saint-Louis offre une option en arts dramatiques, l’école Saint-Jean-de-Matha, un enseignement intensif en français et en espagnol, l’école Sophie-Barat lance le projet « Défi » et l’école Fernand-Seguin devient une école de science.

La formation professionnelle continue de se développer : en septembre 1980, on inaugure le nouvel immeuble de l’École des métiers de l’automobile qui accueillera, cette année-là, près de 500 élèves. Le centre de formation en horticulture, initié par l’école Louis-Riel, est créé.

En 1979, l’affaire Notre-Dame-des-Neiges frappe la CECM de plein fouet. Étant donné que le tiers de la population de cette école n’est pas de religion catholique, des parents et des enseignants envisagent l’hypothèse de réclamer un statut non confessionnel pour cette école, ce que la commission scolaire refusera.

Au cours des années 80, les écoles françaises de la CECM accueillent des Vietnamiens et des Cambodgiens, des Haïtiens, des gens d’Amérique latine. On lance le programme d’enseignement des langues d’origine (PELO).

En 1981, l’école Henri-Julien est créée pour les élèves exclus des écoles ordinaires et l’école secondaire Marie-Anne accueille ses premiers décrocheurs désireux de reprendre leurs études.

Entre 1976 et 1983, la CÉCM doit fermer plus de 125 écoles. De 1972 à 1981, 2 750 enseignants perdent leur emploi, comme d’ailleurs 33% des directeurs et directrices d’école et de 15 à 20% des autres personnels.

Aujourd’hui et demain

D’aucuns prétendront que les premières années de vie professionnelle étaient « la belle époque ». Peut-être est-ce le cas. Peut-être aussi y a-t-il eu de nombreuses « belles époques » pendant vos années de travail. Une chose est sûre : votre œuvre dans le domaine si précieux de l’éducation a eu une grande portée sur des centaines de jeunes et, pour cette raison, toutes et chacune de vos années de travail ont été des moments stratégiques pour ceux et celles qui vous ont côtoyés.

Certains d’entre vous poursuivent leur action auprès des élèves. D’autres s’investissent maintenant dans une autre « carrière » où ils exercent un plus grand contrôle sur leur temps et leurs activités. Je vous souhaite de trouver de très grands moments de bonheur, de vivre d’autres « belles époques ».

J’aurai l’occasion de vous saluer le 10 novembre prochain. Je serais heureux de vous entendre parler de votre vie dans les écoles au cours des dernières décennies.

 

Je vous remercie de nouveau pour votre action éducative. Je vous offre mes meilleurs vœux pour une action à la mesure de vos espoirs.

Veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Le commissaire scolaire de Villeray–La Petite-Patrie,

Kenneth George

 

c. c. Les membres des CE et OPP des écoles

Mesdames les directrices, Messieurs les directeurs d’école

 

P.-S. : Les données historiques sont extraites de Robert Gagnon, Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Boréal, 1996, 400 pages.

———————-

Voilà pour cette semaine.

La semaine prochaine, une lettre plus traditionnelle

Des questions? Des commentaires? Écrivez-moi

Embrassez vos enfants pour moi

Bonne semaine

Kenneth

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