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À propos de l’école Saint-Gérard

Le Progrès de Villeray nous a appris, dans un article d’Anne- Laure Favereaux, que l’École primaire Saint-Gérard sera démolie pour être remplacée par une nouvelle école d’une capacité de 705 élèves.

Cette solution, parmi celles proposées par la firme Riopel, serait « celle qui répond le plus aux exigences de la Direction de la santé publique ». Selon le commissaire scolaire de Villeray et de la Petite Patrie, M. Kenneth George « Ça va nous permettre d’avoir une école du XXIe siècle ».

Fort heureusement, tel que l’a indiqué monsieur George, « la reconstruction devra respecter les éléments architecturaux identifiés comme signifiants et tenir compte des nouvelles conceptions pédagogiques ».

Des citoyens de Villeray, dont je serai, voudront s’assurer que le parti pris architectural de la nouvelle école sache réellement récupérer les éléments patrimoniaux signifiants et que le reste de l’enveloppe bâtie s’intègre harmonieusement au quartier. À cet égard, il existe à Montréal, de trop nombreux exemples déplorables d’architecture de rupture.

J’aimerais soumettre, à titre de citoyen que l’édifice actuel est l’un des plus intéressants du quartier Villeray. C’est une très belle école, dont la façade est très homogène même si elle fut construite en deux sections. La première section, située plus au sud, fut construite en 1922 selon les plans de l’architecte Irénée Vautrin, alors que la section plus au nord a été réalisée en 1929 sous la direction de l’architecte Eugène Saint-Jean.

L’homogénéité de ce bâtiment s’explique parce que le plan de monsieur Vautrin a conditionné cet ensemble architectural et, à ce sujet, le site internet de la CSDM souligne la « composition claire, rythmée, hiérarchisée, détaillée et strictement symétrique » ainsi qu’une intégration d’un « vocabulaire de composition classique » avec une interprétation créative de celui-ci afin « de créer un type architectural distinct, montréalais, intégré à son contexte ».

Pour la petite histoire, l’architecte Vautrin ne siégeait pas au Parlement de Québec en 1922. La construction de la première partie de l’École Saint-Gérard eut donc lieu avant l’incident politique connu sous le nom des « culottes à Vautrin ». C’est après avoir été ministre dans le Gouvernement Tachereau qu’il fut accusé en 1936 d’avoir acheté une paire de pantalons avec l’argent de son ministère. Les « culottes à Vautrin » devinrent alors, selon Wikipédia, « un sujet de blague fort prisé ».

Deux questions méritent d’être posées. Lorsqu’on consulte le Rapport Riopel et divers documents d’accompagnement, on s’étonne qu’une structure en béton très saine et bien assise sur le roc doive être reconstruite parce qu’elle ne répond pas totalement aux normes anti-sysmiques ayant cours à Montréal. Y a-t-il tant de tremblements de terre à Montréal? La deuxième question, c’est celle des normes de la Direction de la santé publique. Je suis certain qu’aucun membre du personnel de la Direction de la santé publique ne démolirait sa propre maison pour un problème de moisissures. Mais, lorsqu’il s’agit de bâtiments publics, les normes prennent le dessus sur les compromis qu’impose la réalité.

La démolition probable de l’école Saint-Gérard me fait certes beaucoup de peine. Comme l’écrivait Philippe Bovet dans Le Monde Diplomatique de juin 2012, « Architectes, ne cassez rien ».

Jacques-Albert Wallot, résident du quartier Villeray

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