Soutenez

Une citoyenne lutte pour sauver des centaines de poissons

Plusieurs poissons d’espèces exotiques, jetés dans l’étang du parc Jarry par des propriétaires qui veulent s’en débarrasser, meurent gelés ou mangés par les oiseaux, lorsque les employés municipaux le vident pour l’hiver. Une citoyenne de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension rencontre de la résistance de la part de la Ville de Montréal dans sa croisade pour sauver les poissons délaissés.

Les services municipaux vident le bassin pour la saison froide, afin d’y aménager une patinoire. Plusieurs centaines de poissons y sont cependant abandonnés durant l’été, de telle sorte, qu’ils offrent une vision d’horreur aux promeneurs du parc, au moment de vider l’eau.

«J’ai commencé à récupérer les poissons, parce qu’il y a quatre ans, je me promenais avec mes enfants et il y avait plusieurs centaines de ces animaux qui agonisaient, faute d’oxygène. Depuis, chaque année, je dois me battre pour savoir à quel moment les employés municipaux videront l’eau pour pouvoir les sauver. J’en ai seulement réchappé une centaine cette année, en plus de quatre tortues. Certaines années, lorsque j’arrive au bon moment pendant qu’ils vident, j’en récupère plusieurs centaines», indique Isabelle Vezeau.

Armée d’un filet et de vêtements prévus à cet effet, la résidente, souvent accompagnée par des amis, va pêcher les poissons toujours vivants lorsque le niveau de l’eau commence à être bas. Elle possède un bassin dans lequel elle met une partie des vertébrés aquatiques rescapés. Les autres se retrouvent dans des aquariums dans son sous-sol ou dans le bassin d’une amie, en attendant d’être adopté.

«On publie des annonces sur Kijiji pour les donner. Dans le cas des tortues à oreilles rouges domestiques, celles vendues en animalerie proviennent de la Floride. Elles ne survivent donc pas à l’hiver. Quand j’en trouve, je vais donc les porter en Estrie, au Refuge de buzz, qui récupère les reptiles abandonnés. Il faudrait que la Ville informe les gens pour leur faire comprendre ce qui advient de ces animaux», continue Mme Vezeau.

Du côté de la Ville-centre, on explique le refus d’indiquer à la citoyenne le moment auquel l’étang est vidé, par un souci que ces espèces ne soient pas relâcher dans des cours d’eau québécois.

«La Ville et l’arrondissement sont en communication avec cette dame depuis au moins l’an passé. En fait, ces poissons que les gens viennent souvent déposer à la fin de l’été sont souvent des poissons rouges et c’est une espèce envahissante. Ils ne doivent en aucun cas être remis dans un milieu naturel. Comment s’en assurer si nous permettons à la dame de se les approprier? Nous n’avons aucune garantie quant à ce qu’elle en fera. C’est pourquoi nous refusons qu’elle aille les chercher. C’est le même principe que si la Ville donnait du nerprun ou de la renouée japonaise pour planter dans les jardins privés ou communautaires. Ce n’est pas souhaitable», souligne la directrice aux affaires publiques de la Ville de Montréal, Renée Pageau.

La Coalition des amis du parc Jarry souligne être bien au fait de la situation.

«Nous avons reçu, l’année dernière, un message de Mme. Vezeau nous sensibilisant au problème des poissons jetés dans l’étang. La Coalition des amis du parc Jarry a évoqué cette situation à la rencontre annuelle des utilisateurs en 2013. Les fonctionnaires de l’arrondissement ont confirmé qu’un nombre significatif de poissons se retrouvaient dans l’étang lors du nettoyage et que malheureusement ils mourraient dans l’opération. L’étang devrait être rénové aux cours des prochaines années et les nouvelles technologies pourraient permettre, semble-t-il, de conserver une vie aquatique», indique le porte-parole de la Coalition des amis du parc Jarry, Michel Lafleur.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs conseille aux citoyens de se départir de leurs poissons, soit en les donnant à une animalerie, en les vendant ou en les donnant à un site de revente ou encore en les donnant à une école ou un musée.

Si vraiment aucune institution ni animalerie ne peut les récupérer, il conseille de les congeler, puis, de leur couper la tête.

Éthique d’abandonner les poissons?

La coordonnatrice du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, spécialisée en éthique animale, Valéry Giroux, ne se montre pas surprise par la situation.

«Toute forme d’exploitation inutile des animaux est moralement discutable. À cet égard, si nous acceptons la pêche, que l’arrondissement et la Ville-centre ne récupèrent pas ses poissons est comparable. Il est toutefois certain que l’attitude serait quelque peu différente si on parlait d’animaux mignons, tels des chats ou des chiens, même s’ils sont aussi souvent mis à mort, faute de trouver un foyer.»

Elle souligne que pour certains mouvements en éthique animale, il faudrait trouver des façons de mise à mort sans douleur ou encore d’aller porter ces animaux dans les refuges.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.