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Un lion abattu au zoo de Leipzig

Photo: The Associated Press

Un lion a dû être abattu, jeudi, après s’être échappé de son enclos au zoo de Leipzig, en Allemagne. Il est encore une fois navrant de constater que ces animaux sauvages, nés pour être libres, s’exposent à la mort dès qu’ils tentent de retrouver cette dernière.

«C’est une fin très, très triste», s’est désolé le directeur du parc zoologique. Il s’agissait aussi d’une fin prévisible : enfermés, ces animaux sont des attractions. Libres, ce sont des fugitifs. Pourquoi persister à imposer ce régime pénitentiaire au monde animal?

Les deux lions – puisqu’ils étaient deux, le deuxième ayant pu être tranquillisé et survivre – se sont échappés peu avant l’ouverture du zoo jeudi, vers 8h40, heure de Leipzig. Ils ont été retrouvé dans un boisé adjacent, «terrorisés», selon les mots utilisés par la BBC pour décrire la scène.

Un des deux lions a pu être ramené dans son enclos après que 40 gardiens eurent réussi à les encercler avec leurs voitures. Le deuxième est toutefois devenu agité lorsque le personnel a tenté de le tranquilliser : c’est alors qu’il a été abattu.

Il faut donner crédit au zoo de Leipzig : le dernier incident de ce genre remontait à 1913, selon le journal local Leipziger Volkszeitung. Les six lions qui avaient pris la fuite avaient alors dû être tués, au terme d’une vaste poursuite.

Mais la question de la pertinence des parcs zoologiques demeure. Un personnel dévoué au bien-être des animaux se déploie dans la plupart d’entre eux, cela va de soi, et beaucoup, sinon tout, est mis en œuvre pour que les captifs jouissent du plus grand confort qui soit dans ce genre d’établissement.

Cependant, l’exposition du vivant à des fins lucratives mérite d’être discutée. Certains diront qu’un zoo éveille l’enfance à la nature et aux animaux qui l’habitent. Cet idéal éducatif, aussi vertueux soit-il, se bute à une chose : ces bêtes présentées comme des splendeurs de notre monde sont nées pour être libres.

Une cage ne rendra jamais justice à ces êtres d’instinct dont toute l’évolution tend vers une parfaite adaptation au milieu naturel qui est le leur. Les réduire à un enclos, c’est les priver d’un habitat dont dépend leur majesté.

C’est aussi présenter la nature asservie par l’humain. Ce n’est pas un hasard si les premiers parcs zoologiques sont apparus à l’époque des Lumières, où le règne de la raison promettait d’extraire l’humanité d’une nature qui lui était hostile. Les zoos étaient des lieux où convergeaient les biologistes, les artistes et les badauds. Les premiers y venaient pour étudier des animaux exotiques qui, autrement, leur étaient inaccessibles. Les seconds allaient inspirer leurs pinceaux auprès de modèles vivants venus d’ailleurs. Les derniers allaient s’émerveiller devant les splendeurs de la nature, comme, encore aujourd’hui, des millions de personnes le font chaque année.

Or, les temps ont changé : la nature qui était hors d’atteinte hier est aujourd’hui abondamment présentée à la télévision et sur la Toile, dans des documentaires animaliers d’une grande, très grande qualité. Pourquoi continuer à enfermer ces animaux pour les présenter à l’œil du public quand leur place est ailleurs, dans la nature pour laquelle ils ont été façonnés?

C’est une question qui vaut d’être posée. Surtout que dans les parcs zoologiques, le prix qu’ils ont à payer pour enfreindre leur captivité et retrouver leur liberté, c’est parfois leur vie.

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