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Une explosion tue un travailleur sur un pipeline dont la Caisse de dépôt est actionnaire

A flame continues to burn after a Monday explosion of a Colonial Pipeline, Tuesday, Nov. 1, 2016, in Helena, Ala. The blast, which sent flames and thick black smoke soaring over the forest, happened about a mile west of where the pipeline ruptured in September, Gov. Robert Bentley said in a statement. (AP Photo/Brynn Anderson) Photo: Brynn Anderson/The Associated Press

Une explosion survenue sur un pipeline dont la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) est actionnaire à 16,55% a tué un travailleur et en a blessé sept autres en Alabama, lundi soir.

Du combustible contenu dans le Colonial Pipeline s’est enflammé au moment où une pelle mécanique a touché une ligne d’essence. Neuf personnes s’attelaient à ce moment des réparations et cinq d’entre-elles ont été transportées à l’hôpital.

La CDPQ a investi 850 M$US en 2011 afin de racheter les parts de ConocoPhillips dans Colonial Pipeline Company, qui opère ce pipeline long de 8800 km. Reliant la région du Golfe du Mexique au Texas et New York, il s’agit du plus grand oléoduc de produits de pétrole raffinés aux États-Unis. Le directeur principal des relations médias à la CDPQ, Maxime Chagnon, a confirmé mardi à TC Media que la Caisse était toujours actionnaire à 16,55% de ce pipeline.

«C’est un événement tragique, et c’est sûr qu’on suit ça de très près», a simplement mentionné M. Chagnon. L’accident a entraîné la fermeture du pipeline pour une deuxième fois en moins de deux mois. Début septembre, une fuite majeure d’essence avait forcé l’arrêt des opérations, moins de 2 km de l’endroit où a eu lieu l’explosion, soit près de la municipalité d’Helena.

La CDPQ ne veut pas préciser si ces deux incidents rapprochés influenceront une révision de cet investissement fait à partir des fonds provenant en grande partie de régimes de retraite et d’assurances publics et parapublics. «La gestion de risque fait partie de toutes nos catégories d’actifs, a soutenu M. Chagnon. On procède régulièrement à des révisions des portefeuilles, mais on ne dévoile pas nos intentions.» La Caisse est en partie propriétaire de pipelines au Royaume-Uni, en plus d’être un actionnaire majeur d’Enbridge, de TransCanada et de Gaz Métro.

Pour l’organisme écologique Greenpeace Canada, il est inacceptable que la Caisse n’ait pas de stratégie de placements cohérente avec les engagements du Québec dans la lutte contre les changements climatiques. «La Caisse devrait être un leader, surtout que le Québec est fier d’avoir de l’électricité renouvelable à 100% et que les Québécois appuient majoritairement la lutte aux changements climatiques. Malheureusement, ça ne se reflète pas encore dans la Caisse de dépôt», a déploré le responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, Patrick Bonin, en entrevue avec TC Media.

En 2011, la Caisse avait dit s’intéresser «à des actifs de qualité procurant des rendements stables à long terme». «Il s’agit d’un projet d’infrastructure dans une industrie réglementée que nous comprenons bien grâce à nos investissements dans Gaz Métro, Interconnector, Enbridge et Fluxys», avait indiqué à l’époque Normand Provost, premier vice-président, placements privés et chef des opérations à la CDPQ.

Un désinvestissement complet dans le secteur pétrolier et gazier de la part de la CDPQ, c’est ce que réclame M. Bonin. «Il est plus que temps que la Caisse de dépôt arrête d’investir l’argent de nos retraites dans des secteurs qui menacent notre avenir et celui de nos enfants, a-t-il insisté. Si un désinvestissement total n’est pas possible à court terme, elle doit annoncer une stratégie de désinvestissement évidente. Il faudrait qu’elle offre aux Québécois la possibilité de choisir des investissements qui respectent leurs convictions.»

L’explosion de lundi a causé des feux de forêts sur une superficie de 32 acres, a annoncé le gouverneur de l’Alabama, Robert Bentley mardi. La fermeture de ce lien majeur dans la distribution de pétrole raffiné aux États-Unis a également fait monter le prix de l’essence de près de 13% à certains endroits.

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