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Élections allemandes: quelle place prendra l'extrême droite?

Demonstrators protest against the nationalist Alternative for Germany Party, AfD, after parliament elections in Frankfurt, Germany, Sunday. Sept. 24, 2017. Banner reads: Frankfurt hates the AfD. (Andreas Arnold/dpa via AP) Photo: Andreas Arnold/AP

L’élection fédérale de dimanche marque l’entrée au Bundestag du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland – L’alternative pour l’Allemagne, en français – (AfD). La chancelière Angela Merkel devra se demander comment parler avec ses électeurs en colère, selon la chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM) et directrice du Centre canadien d’études allemandes et européennes, Barbara Thériault. Métro s’est entretenu avec la sociologue.

Qui a voté pour l’AfD, qui termine troisième?

Beaucoup de gens se disent non entendus et en colère. Ce sont surtout des gens de l’est de l’Allemagne et en majorité des hommes. Il y a aussi des gens assez éduqués, pas que des pauvres.

Que signifie leur entrée au Parlement?
Pour les prochaines années, ou les prochains mois, la grande question est: «Comment parler avec tous ces gens en colère?» Une façon, c’est de les ignorer, et l’autre, c’est de faire des compromis et d’adopter certains de leurs points de vue.

«L’AfD va vouloir pousser le thème de l’immigration. Le parlement devra éviter de se laisser envahir par l’agenda de ce parti d’extrême droite, tout en le prenant au sérieux, parce que les gens de l’ex-Allemagne de l’Est ont voté à près de 20% pour l’AfD.» – Barbara Thériault, chercheuse au CÉRIUM

Dimanche, il y a déjà eu des manifestations anti-AfD. Est-ce qu’on verra une polarisation de la société allemande?
Depuis 2015, c’est déjà très polarisé. C’est très difficile d’avoir des discussions avec les partisans de l’AfD, qui sont en colère, qui ne croient plus en la presse, qui sont dans la théorie du complot. C’est un peu comme on voit avec les gens autour du président américain Donald Trump. Ce dialogue difficile part du Parlement, mais descend jusque dans les familles. C’est difficile d’avoir une discussion qui mène quelque part sur des sujets comme l’immigration, car certains ont des propos que les autres considèrent comme racistes et inacceptables.

Le parti social-démocrate (SPD) a exclu la possibilité de former à nouveau une coalition avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel pour diriger le pays. À quoi peut-on s’attendre d’une coalition entre les libéraux, les verts et la CDU?
Ce sera une coalition probablement plus exigeante et moins consensuelle que l’alliance des deux grands partis du centre. On mettra de l’avant des enjeux environnementaux avec les verts et de libéralisation économique avec les libéraux. C’est aussi bien pour la culture politique que le SPD devienne une vraie opposition.

Angela Merkel en est à un quatrième mandat… Qu’est-ce qui fait sa force?
Elle incarne la continuité et inspire la confiance. Elle a su s’approprier plusieurs thèmes mis de l’avant par d’autres partis, comme l’abandon de l’énergie nucléaire, qui était une position des verts. Elle a eu beaucoup de critiques – même à l’intérieur de son parti – pour l’accueil des réfugiés, ce qui a contribué au succès de l’AfD mais a attiré des électeurs plus à gauche.

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