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Les joueurs de la NFL sont furieux contre Trump

NEW YORK — Le président des États-Unis, Donald Trump, n’avait probablement jamais imaginé qu’il toucherait un nerf aussi sensible chez les joueurs de la NFL en demandant aux propriétaires d’équipes de «chasser ces enfants de chienne du terrain», en référence aux joueurs qui protestent pendant l’hymne national.

S’ils ont valu au président des applaudissements bien nourris lors d’un rassemblement politique à Huntsville, en Alabama, ces mots ont blessé comme un coup de couteau dans la plus populaire des ligues sportives américaines, où la majorité des joueurs sont des Noirs qui ont été élevés par des mères monoparentales dans des quartiers impitoyables.

«Je suis le fils d’une reine», a dit avec émotion Grady Jarrett, un joueur de ligne défensive pour les Falcons d’Atlanta.

«Il n’y a pas (d’enfant de chienne) dans cette ligue», a lancé dimanche l’entraîneur des Lions de Détroit, Jim Caldwell, quand au moins 200 joueurs de la NFL se sont agenouillés, assis ou étirés, ou ont prié, pendant l’hymne national des États-Unis, en guise de protestation contre les propos de M. Trump.

Trois équipes ont même attendu la fin de l’hymne national pour sauter sur le terrain.

La campagne de protestation lancée l’an dernier par Colin Kaepernick, le quart-arrière des 49ers de San Francisco, ne comptait plus que six participants la semaine dernière. Mais l’attaque lancée par M. Trump pendant la fin de semaine a suscité des réactions de colère dans tout le monde sportif, en plus de provoquer des actes de défi de la part de la plupart des joueurs de la NFL.

Si les joueurs, les propriétaires et les commissaires ont condamné le président pour des propos aussi diviseurs, les réactions les plus ulcérées sont venues des joueurs dont il venait d’insulter la mère.

«Encore une fois, c’est une tragédie dans ce pays qu’on doive (…) avoir ces discussions, a dit le quart-arrière recrue des Browns de Cleveland, DeShone Kizer. Je sais pertinemment bien que je ne suis pas un enfant de chienne, et j’ai l’intention de continuer à tout faire en mon pouvoir pour promouvoir l’égalité dont nous avons besoin dans ce pays.»

Après avoir réclamé le congédiement des joueurs de la NFL qui manifestent, M. Trump a lancé dimanche sur Twitter que la ligue devrait contraindre les joueurs à se tenir debout pendant l’hymne national et que les amateurs devraient bouder ceux qui refusent de le faire.

«Je trouve ça incroyable qu’avec tout ce qui se passe dans le monde, surtout en ce qui concerne les États-Unis, que c’est ça qui te préoccupe, mon homme? Tu es le leader du monde libre et c’est de ça dont tu parles?, a dit Michael Thomas, le demi de sûreté des Dolphins de Miami. Donc, en tant qu’homme, que père, qu’Afro-Américain, en tant que membre de la NFL et qu’un de ces ‘enfants de chienne’, oui, j’ai pris ça personnellement.»

Deux receveurs éloignés des Buccaneers de Tampa Bay, Mike Evans et DeSean Jackson, qui se sont agenouillés avant leur match contre les Vikings du Minnesota, ont estimé que les commentaires de M. Trump étaient particulièrement dérangeants en marge de ceux qu’il a récemment tenus et qui mettaient sur un pied d’égalité les suprémacistes blancs qui ont marché à Charlottesville, en Virginie, et les contre-manifestants.

«Pourquoi est-ce qu’il cible les athlètes?, a demandé M. Evans. Je ne le vois pas parler sur Twitter de tout ce qui se passe d’autre, des néo-nazis, de la situation à Charlottesville. (…) Mais il a le temps et le culot de cibler les Warriors de Golden State, Stephen Curry, nous tous dans la NFL qui avons posé un genou au sol pour protester. Il a le temps de faire ça? Ce n’est pas correct. Et il nous a traités ‘d’enfants de chienne’, ce qui est tout un manque de respect.»

M. Jackson a ajouté: «C’est un manque de respect flagrant. Je vois ma mère comme une reine. (Nous ne sommes) pas des enfants de chienne.»

Dimanche, des joueurs de Dolphins ont porté des chandails en appui à M. Kaepernick — qui demeure sans contrat, possiblement en raison de ses prises de position — , et même des propriétaires et des dirigeants se sont joints aux joueurs. Propriétaire et entraîneurs ont été pratiquement unanimes à condamner les propos du président.

«De mon point de vue, de cibler un groupe de joueurs et de les traiter ‘d’enfants de chienne’, pour moi c’est insultant et dégradant, a dit l’ancien commissaire de la NFL, Paul Tagliabue. Donc je pense que les joueurs méritent d’être salués pour ce qu’ils font. Et quand on parle de (liberté) d’expression, ils ont le droit de parler. Et nous avons le droit d’écouter. Nous avons le droit d’être en accord ou en désaccord. Mais nous n’avons pas le droit de faire taire qui que ce soit.»

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