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Les manifestations dans la NFL se métamorphosent

The Dallas Cowboys, led by owner Jerry Jones, center, take a knee prior to the national anthem prior to an NFL football game against the Arizona Cardinals, Monday, Sept. 25, 2017, in Glendale, Ariz. (AP Photo/Matt York) Photo: AP Photo/Matt York

NEW YORK — Il y a un an, un quart-arrière de la Ligue nationale de football (NFL) s’est agenouillé pendant l’hymne national des États-Unis afin de dénoncer la brutalité policière à l’endroit des minorités.

Aujourd’hui, après les propos incendiaires du président américain, des centaines de joueurs s’assoient, s’agenouillent, forment une chaîne humaine ou restent carrément au vestiaire — les raisons de leur mécontentement aussi variées que leurs manières de l’exprimer.

Mais ceux qui défendent ou attaquent les joueurs ne parlent plus de brutalité policière, pas plus qu’ils ne mentionnent que l’ancien quart-arrière des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick, demeure sans emploi. Avant les matchs de dimanche, il était plutôt question de liberté d’expression, des insultes de Donald Trump, de l’argent reçu du gouvernement américain par la NFL et de l’état général des relations raciales aux États-Unis.

Des voix fusaient de l’extérieur du terrain de football, qu’il s’agisse de NASCAR, de la NBA, du baseball majeur, de militants, de journalistes, d’artistes et de politiciens.

Plusieurs s’inquiètent que la multiplication des raisons de manifester ne finisse par diluer la passion et la permanence du mouvement original.

«Le sujet s’est métamorphosé au-delà de cela en raison de l’intervention de M. Trump», a dit le révérend Jesse Jackson, un militant de premier plan des droits de la personne.

Plus de 200 joueurs et propriétaires de la NFL, et même ceux qui devaient chanter l’hymne national, ont trouvé moyen de témoigner de leur dissidence pendant les matchs de football de la fin de semaine. Des poings se sont levés et d’autres gestes ont été posés après que M. Trump eut déclaré, lors d’un rassemblement politique vendredi soir: «Est-ce que vous n’aimeriez pas voir un de ces propriétaires de la NFL, quand quelqu’un manque de respect à notre drapeau, dire, ‘Sortez-moi cet enfant de chienne du terrain immédiatement!’ Dehors! Il est congédié! Congédié!»

Les remarques de M. Trump ont mis le feu aux réseaux sociaux et le sujet continuait à défrayer les manchettes lundi, surtout que le président en a rajouté en lançant sur Twitter le mot-clé «#StandForOurAnthem».

«Il ne comprend pas tout le pouvoir dont il dispose en tant que leader de ce beau pays», a dit LeBron James, la vedette des Cavaliers de Cleveland.

M. Trump peut compter sur l’appui de ceux qui sont moins intéressés par l’opinion des joueurs que par un manque présumé de respect envers le drapeau des États-Unis. La Légion américaine estime ainsi que les joueurs et les manifestants sont «des ingrats malavisés».

«(L’hymne national) n’était pas politique quand il a été écrit et il ne devrait pas être politique aujourd’hui, a dit lundi la commandante nationale de la Légion, Denise H. Rohan. D’avoir le droit de faire quelque chose ne veut pas dire que c’est la bonne chose à faire.»

Dans l’autre camp, le président de la National Association for the Advancement of Colored People (L’Association nationale pour la promotion des gens de couleur, ou NAACP, une organisation américaine de défense des droits civiques) est d’avis que la liberté d’expression est sacrée.

«Ce n’est pas une question de football, c’est une question de liberté, a dit Derrick Johnson. On parle du droit des Américains d’avoir recours à leurs droits constitutionnels sans être punis par leur employeur.»

Reste à voir combien de temps durera le mouvement. Lundi, le révérend Jackson a lancé un appel au boycottage des matchs de la NFL — ce que faisaient déjà des Afro-Américains depuis le début de la saison — et au piquetage des stades.

Jozen Cummings, du site VerySmartBrothas.com, déplorait lundi que le mouvement #TakeTheKnee se soit transformé «en une version diluée, toutes-les-vies-sont-importantes des joueurs et propriétaires de la NFL contre Trump».

«La cause de Kaepernick a été déformée en une manifestation au sujet du drapeau et contre Trump, quand ça n’a jamais été contre qui que ce soit a-t-il écrit. C’était pour les gens de couleur.»

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En trois questions…

Que dit la Constitution des États-Unis?

La Constitution des États-Unis protège la liberté d’expression. Elle protège le droit de Colin Kaepernick à s’exprimer. Elle ne lui garantit toutefois pas le droit de jouer dans la NFL.

Quelles sont les obligations des joueurs?

Le comportement des joueurs est encadré par les règles de la NFL, sa politique de conduite personnelle et la convention collective qui lie la ligue et le syndicat des joueurs. Les règles de la NFL ne disent rien du comportement des joueurs pendant l’hymne national. La politique de conduite personnelle touche les activités qui pourraient être criminelles. La convention collective mentionne toutefois que les joueurs doivent faire preuve de loyauté envers la ligue et «savoir que le succès du football professionnel dépend largement du respect du public envers ceux qui y sont associés». La ligue jouit donc d’une bonne latitude pour punir ceux dont le comportement pourrait ternir l’image du sport.

Donc, qu’est-ce qui va arriver à ces joueurs?

Kaepernick est toujours sans contrat et la ligue nie qu’il soit ostracisé, même si d’autres quarts moins talentueux portent actuellement un uniforme. On ne devrait toutefois pas s’attendre à ce que les autres protestataires soient eux aussi punis: ils sont trop nombreux, mais surtout, la ligue semble avoir décidé que la solidarité avec ses joueurs est la meilleure politique à adopter.

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