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Le populisme porte ombrage à la zone euro

Ronald Zak / The Associated Press Photo: Ronald Zak
Pan Pylas - The Associated Press

LONDRES — La multiplication depuis quelques mois des défaites électorales populistes dans des pays comme la France semblait de bon augure pour la croissance économique de la zone euro. Mais aujourd’hui, dans la foulée de votes en Autriche et en Allemagne, et avec l’incertitude générée par la crise catalane, on s’inquiète de plus en plus de l’impact éventuel des politiques eurosceptiques.

L’euro a cédé du terrain au cours des dernières semaines, même si des données économiques démontrent que la zone euro traverse actuellement une période de croissance qui compte parmi les plus robustes depuis la crise financière, il y a dix ans. L’euro perdait lundi 0,3 pour cent de sa valeur à 1,1785 $ US, après avoir dépassé à la fin août le seuil du 1,20 $ US pour la première fois en deux ans.

L’euro valait, au 1er janvier, 1,40 $ CAN. Sa valeur a ensuite grimpé jusqu’à 1,50 $ CAN en mai, avant de fléchir à 1,46 $ CAN en septembre.

Les économistes évoquent notamment les succès électoraux des forces populistes, tout d’abord en Allemagne à la fin du mois de septembre, quand le parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) a recueilli près de 13 pour cent ces voix et décroché une première présence au sein du parlement. Même si l’Union chrétienne-démocrate, le principal parti de centre-droite, l’a emporté, l’autorité de la chancelière Angela Merkel a été quelque peu minée par la poussée de l’AfD, et elle doit encore assembler une nouvelle coalition.

La popularité du populisme a de nouveau été étalée au grand jour dimanche en Autriche, quand le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), une formation de droite, a pris le deuxième rang avec environ 27 pour cent des voix — ce qui pourrait en faire le partenaire de coalition des chrétiens-démocrates (ÖVP) de Sebastian Kurz, le jeune prodige politique de 31 ans qui deviendra probablement le nouveau chancelier du pays.

Une coalition qui engloberait un parti qui a cherché à minimiser le passé nazi de l’Autriche pourrait ralentir encore davantage l’intégration des économies des 19 pays de la zone euro, comme le souhaite le nouveau président français Emmanuel Macron.

«Même si l’Autriche est fortement intégrée et qu’elle dépend des structures et de l’ouverture de la zone euro, un nouveau gouvernement autrichien compliquera la vie à la zone euro en faisant la promotion de ses propres intérêts», a prédit une économiste de la banque ING, Inga Fechner.

L’incertitude générée par la Catalogne menace aussi l’unité de la zone euro. On ne savait toujours pas, lundi, si le leader catalan Carles Puidgemont a déclaré ou non l’indépendance de la région, ou si une médiation internationale est possible. Madrid menace d’invoquer l’Article 155 de la Constitution pour reprendre certains pouvoirs dévolus à la Catalogne.

Cette poussée du populisme survient au moment où l’économie européenne traverse une de ses périodes les plus fastes en dix ans. Des données témoignent d’une relance, surtout au sein des pays qui utilisent l’euro, qui s’accélère depuis le début de l’année. Le chômage est en déclin et la Banque centrale européenne pourrait replier au cours des prochains mois certaines de ses mesures d’urgence.

Plusieurs économistes attribuaient cette progression aux défaites populistes des derniers mois, comme la dégelée en France de Marine Le Pen et de son Front national face à M. Macron. Quelques semaines plus tôt, aux Pays-Bas, la formation anti-islam de Geert Wilders avait fait nettement moins bien que prévu aux Pays-Bas.

Au début de l’année, plusieurs experts considéraient que la flambée populiste représentait la plus grave menace à la prospérité économique de l’Europe, surtout après que les inquiétudes suscitées par la Grèce se soient calmées et que le vote du Brexit au Royaume-Uni, en juin 2016, eut exposé au grand jour la vulnérabilité de la zone euro aux mouvements populistes. Plusieurs craignaient qu’un nouveau gouvernement populiste ne décide de quitter la zone euro.

Les événements des dernières semaines démontrent que le populisme n’est pas encore mort.

Le stratège Simon Derrick, de la banque BNY Mellon, explique qu’il «sera logique de voir l’euro faiblir si les préoccupations associées au populisme refont surface dans la zone euro».

Les yeux se tourneront maintenant vers l’Italie, où des élections doivent être organisées d’ici mai 2018. Ce pays affiche depuis des années une croissance plus lente que celle des autres économies développées, et on s’inquiète de voir percer un parti qui attribuerait ces problèmes à l’euro.

En août, l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi a évoqué une monnaie alternative qui pourrait exister parallèlement à l’euro en Italie.

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