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Le pape demande pardon aux réfugiés rohingyas

Pope Francis addresses Rohingya Muslim refugees at an interfaith peace meeting in Dhaka, Bangladesh, Friday, Dec. 1, 2017. Pope Francis greeted and blessed Rohingya Muslim refugees who fled to Bangladesh from neighboring Myanmar, grasping their hands and listening to their stories at an interfaith peace prayer in Dhaka. (AP Photo/Aijaz Rahi) Photo: The Associated Press
Nicole Winfield et Julhas Alam - The Associated Press

DACCA, Bangladesh — Le pape François a demandé pardon vendredi aux réfugiés rohingyas pour toute la douleur et l’indifférence qu’ils doivent endurer, exigeant le respect de leurs droits et mentionnant pour la première fois un nom qu’il avait soigneusement évité lors de son voyage au Myanmar.

Lors d’une rencontre très émouvante vendredi, le pape a accueilli et béni un groupe de réfugiés rohingyas, leur serrant les mains et écoutant leurs récits pour leur offrir publiquement sa solidarité. Il s’est excusé de «l’indifférence du monde» face à la pire crise de réfugiés des dernières décennies en Asie.

Le pape a prononcé leur nom lors d’une rencontre avec des leaders hindous, bouddhistes, musulmans et chrétiens.

«La présence de Dieu aujourd’hui s’appelle aussi ‘rohingya’», a déclaré le pontife.

Les 16 réfugiés —12 hommes, deux femmes et deux fillettes — s’étaient rendus à Dacca depuis Cox’s Bazar, le district limitrophe du Myanmar où s’entassent quelque 600 000 Rohingyas dans des camps de réfugiés.

Les Rohingyas fuient le Myanmar pour échapper à ce qui est, selon l’ONU, une campagne classique de «nettoyage ethnique». Des villages entiers ont été incendiés et les réfugiés ont affirmé n’avoir eu d’autre choix que de prendre la fuite pour échapper aux meurtres et aux viols dont ils faisaient l’objet de la part des soldats birmans et de bouddhistes en colère.

Le gouvernement birman nie l’existence d’une telle campagne et évoque plutôt des opérations de «nettoyage» contre des insurgés qui ont attaqué les forces de l’ordre.

Les réfugiés se sont approchés du pape individuellement à la fin de la rencontre de vendredi, à la résidence de l’archevêque de Dacca. Le pape a béni une petite fille en plaçant sa main sur sa tête.

«Nous ne pouvons peut-être pas faire grand-chose pour vous, mais votre tragédie a une place dans nos coeurs», a-t-il déclaré.

Sa voix étranglée par l’émotion, il a ajout: «Au nom de tous ceux qui vous persécutent, et qui vous ont persécutés, et de ceux qui vous ont fait du mal, et plus que tout pour l’indifférence du monde, je vous demande pardon. Pardon.»

Évoquant le «grand coeur» du Bangladesh qui les a accueillis, il a dit: «Maintenant je fais appel à votre grand coeur, pour que vous puissiez nous accorder le pardon que nous recherchons.»

Le pape a demandé une nouvelle aide pour les réfugiés et exigé «que leurs droits soient reconnus».

«Nous ne fermerons pas nos coeurs. Nous ne détournerons pas les yeux», a-t-il promis.

Le Vatican a défendu le silence du pape au Myanmar en expliquant qu’il a voulu «construire des ponts» avec ce pays majoritairement bouddhiste. Le pape aurait aussi choisi de suivre les conseils de l’Église catholique locale, qui lui recommandait d’éviter le sujet.

Des organisations de défense des droits de la personne et des militants rohingyas ont déploré que le pape, qui est pourtant connu pour sa défense acharnée des plus vulnérables et des plus démunis, n’ait pas condamné la situation.

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