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Violences sexuelles: miliciens condamnés au Congo

Saleh Mwanamilongo et Carley Petesch - The Associated Press

KINSHASA, République démocratique du Congo — Un tribunal militaire de l’est de la République démocratique du Congo a condamné mercredi 12 membres d’une milice, dont un député, à la prison à vie pour le viol en réunion d’au moins 46 fillettes, dont un bébé de 11 mois. Ils ont aussi été condamnés pour meurtre.

Des organisations de défense des droits de la personne estiment qu’il s’agit d’un jugement révolutionnaire dans un pays où les violences sexuelles commises par des groupes armés sont très répandues et où les agresseurs restent le plus souvent impunis.

Le tribunal à Bukavu a notamment reconnu le député provincial Frédéric Batumike coupable d’avoir organisé les violences perpétrées par sa milice et de crimes contre l’humanité survenus à Kavumu de 2013 à 2016. Ce village est situé à environ 25 kilomètres au nord du Bukavu, capitale du Sud-Kivu.

La cour a accordé l’équivalent de 5000 $ US à chacune des jeunes victimes des violences sexuelles et 15 000 $ US aux familles des personnes qui ont été tuées.

L’organisation Médecins pour les droits de la personne a affirmé que c’était la première fois qu’un politicien en exercice au Congo était reconnu coupable de la «responsabilité supérieure pour des crimes que lui-même et sa milice, qu’il contrôle et finance, ont commis».

L’immunité parlementaire de M. Batumike avait été levée afin qu’il soit traduit en justice.

«Ce procès démontre que justice peut être rendue au Congo, lorsqu’une enquête est menée efficacement et que la preuve est recueillie méthodiquement, même dans les cas où l’accusé détient un pouvoir important et est très bien organisé», a souligné la directrice du programme sur la violence sexuelle dans les zones de conflit de Médecins pour les droits de la personne, Karen Naimer.

Mme Naimer a affirmé qu’il revenait désormais aux autorités congolaises d’utiliser des mesures similaires pour faire «progresser rigoureusement d’autres affaires de violence sexuelle» dans ce vaste pays d’Afrique centrale.

L’ambassade des États-Unis a écrit sur Twitter que la décision du tribunal représentait un pas important pour la justice et le respect des droits au Congo.

Les familles et les victimes ont exprimé du soulagement à l’égard du verdict.

«À la suite d’années de silence, motivées par le déni et la peur, leurs souffrances ont été mises au jour et reconnues publiquement. Le long chemin de la guérison pour ces jeunes filles peut désormais commencer», a dit Charles Cubaka, porte-parole des avocats représentant les victimes.

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