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La première année de Donald Trump en 12 citations

Carolyn Kaster / The Associated Press Photo: Carolyn Kaster / The Associated Press
Vicky Fragasso-Marquis - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le président américain Donald Trump célèbre samedi sa première année au pouvoir, qui n’a laissé personne indifférent. Le président très volubile a fait plusieurs déclarations fracassantes depuis qu’il est à la tête des États-Unis, que ce soit dans des discours ou sur son média préféré, Twitter.

Voici 12 citations de M. Trump qui représentent bien chaque mois de cette première année à la Maison-Blanche.

1- «Nous devons protéger nos frontières des ravages que les autres pays font, en volant nos entreprises et en détruisant nos emplois. La protection mènera à une grande prospérité et à la force. Je vais me battre pour vous avec chaque souffle de mon corps et je ne vous laisserai jamais, jamais tomber.» (20 janvier)

Cette citation est tirée du tout premier discours qu’a livré Donald Trump en tant que président des États-Unis après avoir prêté serment, le 20 janvier 2017. Plusieurs ont critiqué le ton très sombre de cette allocution, que les présidents ont généralement utilisée pour lancer un message d’espoir aux Américains. Et sa déclaration a donné une indication sur plusieurs décisions que le président a prises par la suite, à commencer par le retrait du Partenariat transpacifique, qui a été annoncé deux jours plus tard. «C’est un discours qui offrait une vision très pessimiste du présent, mais il y avait quand même une certaine idée que des temps meilleurs étaient à venir», a analysé Christophe Cloutier-Roy, chercheur à l’Observatoire sur les États-Unis à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM.

2- «Je demande à tous les citoyens de croire à ce renouvellement de l’esprit américain. Je demande à tous les membres du Congrès de se joindre à moi pour rêver grand et d’être audacieux pour notre pays. Et je demande à tout le monde qui regarde ce soir de profiter de ce moment et de croire en vous. De croire en votre avenir. Et croyez, une fois de plus, à l’Amérique.» (28 février)

Cette phrase provient de l’un des discours les plus unificateurs de Donald Trump, qu’il a livré en février devant les deux chambres du Congrès. «Il est devenu président des États-Unis à ce moment, point», avait déclaré le commentateur politique du réseau CNN Van Jones, qui n’a pas l’habitude de couvrir d’éloges M. Trump. Le président avait rendu également un hommage émouvant à un membre des Marines, William Owens, qui était mort quelques jours plus tôt dans une opération militaire au Yémen. Sa veuve, Carryn, était présente dans la salle et pleurait à chaudes larmes pendant que M. Trump parlait des exploits de son mari. «C’est peut-être le dernier moment dans sa présidence jusqu’à maintenant où il s’est dit que peut-être il allait faire un pivot et devenir un président comme les autres», a suggéré M. Cloutier-Roy.

3- «Toute cette histoire est une façon pour les démocrates de se sauver la face pour avoir perdu une élection que tout le monde pensait qu’ils allaient gagner. Les démocrates vont trop loin. Ils ont perdu l’élection, et maintenant ils perdent leur sens de la réalité. La vraie histoire, c’est toutes les fuites illégales d’informations classifiées et autres. C’est toute une « chasse aux sorcières »!» (2 mars)

Le président Trump réagissait dans cette série de micromessages à la décision de son procureur général, Jeff Sessions, qui s’est récusé de l’enquête sur la Russie, ce qui a mené à la nomination d’un procureur spécial. On retrouve dans ces messages des propos qu’il répétera souvent sur Twitter et devant les journalistes pendant l’année lorsqu’il sera question des enquêtes sur les liens présumés entre son équipe de campagne et la Russie, et sur l’ingérence de Moscou dans l’élection présidentielle. M. Trump martèle que les démocrates utilisent ces enquêtes pour justifier leur défaite, ce que nient les principaux intéressés.

4- «Je vais vous dire que cette attaque contre des enfants hier a eu un grand impact sur moi — un grand impact. Mon attitude sur la Syrie et (Bachar El) Assad a beaucoup changé. On parle d’une toute nouvelle dimension.» (5 avril)

Donald Trump s’exprimait au lendemain d’une attaque chimique en Syrie qui a fait des dizaines de morts, dont des enfants. Après cette déclaration du président, les États-Unis ont montré du doigt le régime de Bachar El-Assad et ont riposté en attaquant une base aérienne du gouvernement syrien. Cette intervention d’une administration habituellement isolationniste était contestée par la frange plus radicale des partisans de Donald Trump. Sur les réseaux sociaux, certains se disaient «trahis» par le président. Selon le magazine «New Yorker», cette décision du président démontrait que l’ultraconservateur Steve Bannon commençait à perdre de son influence sur M. Trump. M. Bannon a quitté l’administration quelques mois plus tard.

5- «James Comey doit espérer qu’il n’y a pas « d’enregistrements » de nos conversations avant qu’il commence à couler des informations à la presse!» (12 mai)

Donald Trump a lancé cette déclaration quelques jours après avoir pris la décision de relever de ses fonctions l’ancien directeur de la police fédérale (FBI), James Comey. C’est que ce dernier menait une enquête sur l’ingérence de la Russie dans la dernière élection présidentielle, et selon son récit, le président lui aurait dit qu’il «espérait qu’il pouvait laisser tomber» la partie sur son ancien conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn. Les journalistes ont cherché les fameux enregistrements dont a parlé le président, qui a finalement admis qu’ils n’existaient pas. La décision de Donald Trump a été critiquée par les démocrates et plusieurs républicains. Certains analystes ont comparé cet événement à la décision de l’ancien président Richard Nixon qui avait congédié un procureur spécial dans la foulée du scandale du Watergate. James Comey s’apprête à lancer en mai prochain un livre dans lequel il exposera sa version des événements.

6- «L’accord de Paris (sur le climat) désavantage l’économie des États-Unis afin d’attirer les éloges des capitales étrangères et des militants internationaux qui essaient depuis longtemps de s’enrichir aux dépens de notre pays (…) J’ai été élu pour représenter les électeurs de Pittsburgh, pas de Paris.» (1er juin)

Le président a abandonné l’accord international malgré les pressions de plusieurs de ses homologues qui avaient tenté de le faire changer d’idée dans des réunions internationales. Au terme d’une rencontre du G7, à la fin du mois de mai, les autres pays n’ont pas réussi à s’entendre avec le président américain. Les États-Unis demeurent à ce jour le seul pays du monde à avoir annoncé leur retrait de l’entente internationale; tous les autres pays l’ont signée ou ont l’intention de le faire. Donald Trump a récemment déclaré qu’il était ouvert à réintégrer l’accord s’il était plus favorable aux États-Unis.

7- «La plus forte valeur boursière DEPUIS TOUJOURS, les meilleurs chiffres économiques depuis des années, le chômage est à son plus bas en 17 ans, les salaires montent, la frontière est sûre. Pas de chaos à la Maison-Blanche!» (31 juillet)

Donald Trump a écrit ce micromessage au terme de journées difficiles dans son administration, contrairement à ce qu’il laissait croire. Dans les semaines précédentes, il avait licencié son porte-parole, Sean Spicer, pour laisser toute la place à son nouveau directeur des communications, Anthony Scaramucci. Dans les jours suivants, le chef de cabinet Reince Priebus s’est fait montrer la porte. Dix jours après sa nomination, c’est M. Scaramucci qui tombait. Le 31 juillet, Donald Trump a nommé un nouveau chef de cabinet, John Kelly, qui semble avoir ramené un peu d’ordre dans l’administration, mais qui n’aura pas réussi à éloigner le président de son compte Twitter.

8-«Nous condamnons dans les mots les plus forts cette démonstration flagrante de haine, de sectarisme et de violence de plusieurs côtés, plusieurs côtés.» (12 août)

Le président a fait ces commentaires après une contre-manifestation à Charlottesville, en Virginie, qui a mené à la mort d’une manifestante lorsqu’un jeune homme de 20 ans a foncé dans la foule avec sa voiture. Les manifestants contestaient un rassemblement nationaliste blanc qui avait eu lieu la veille en raison du retrait d’une statue de Robert E. Lee, commandant en chef de l’armée sudiste pendant la guerre de Sécession. Ces nationalistes blancs arboraient des croix gammées et scandaient notamment: «Les juifs ne nous remplaceront pas». Face aux critiques, M. Trump avait plus clairement dénoncé les néonazis et les nationalistes blancs, mais il avait plus tard répété ses propos d’origine. Christophe Cloutier-Roy explique que Donald Trump change parfois de discours car il s’adresse à certaines parties de l’électorat, mais aussi parce que l’administration n’a pas de stratégie de communication cohérente.

9- «Les États-Unis ont une grande force et de la patience. Mais s’ils sont forcés à se défendre ou à défendre leurs alliés, nous n’aurons d’autre choix que de détruire complètement la Corée du Nord.» (19 septembre)

Donald Trump a fait cette déclaration lors de son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, ne se gênant pas pour appeler le dirigeant nord-coréen «Rocketman» devant tous les représentants internationaux. Les tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis avaient atteint leur sommet un mois plus tôt, après que le président Trump eut menacé le régime communiste de répondre aux menaces par «le feu et la fureur». Comme il le fait souvent, Donald Trump a soufflé le chaud et le froid dans ce dossier, laissant même entendre récemment qu’il pourrait s’entretenir avec son homologue nord-coréen.

10- «Ce qui est arrivé à Las Vegas était à plusieurs égards un miracle. Le service de police a fait un travail incroyable, et nous parlerons des lois sur les armes à feu au fil du temps.» (3 octobre)

Dans la foulée d’une fusillade qui a fait des dizaines de morts à Las Vegas, plusieurs internautes n’ont pas digéré que le président utilise le mot «miracle» pour qualifier le drame. Dans cette déclaration, le président a semblé également écarter la possibilité de lancer un débat sur le port des armes à feu aux États-Unis. Sa porte-parole et lui ont martelé qu’il n’était pas adéquat de se poser ces questions quelques jours après le drame. Lors d’une fusillade survenue dans une église du Texas un mois plus tard, le président a laissé entendre que cette attaque aurait pu être bien pire s’il y avait eu des lois plus sévères sur les armes à feu.

11- «Vous étiez ici bien avant nous. Bien que nous ayons une représentante au Congrès qui dit avoir été ici, il y a longtemps. Ils l’appellent Pocahontas.» (28 novembre)

Donald Trump a fait cette blague sur la sénatrice démocrate Elizabeth Warren alors qu’il rendait hommage à des vétérans autochtones de la Seconde Guerre mondiale. Le président a souvent appelé la sénatrice Warren «Pocahontas», car ses adversaires républicains l’accusent d’avoir profité de son héritage autochtone pour faire avancer sa carrière. Elizabeth Warren, une potentielle candidate démocrate pour l’élection présidentielle de 2020, a jugé qu’il s’agissait d’une «insulte raciste» et a promis de ne pas cesser de dénoncer les politiques du président.

12- «J’ai promis aux Américains une belle grosse baisse d’impôts pour Noël. Avec cette loi qui vient de passer finalement, c’est exactement ce qu’ils reçoivent.» (20 décembre)

Donald Trump se réjouissait de sa première grande victoire législative, après avoir essuyé plusieurs échecs au Congrès. Sa fameuse réforme des impôts, qu’il défendait bec et ongles depuis des mois, a finalement été adoptée dans les deux chambres contrôlées par les républicains. Il faudra maintenant la vendre aux Américains, qui ne sont pas vraiment satisfaits, selon Christophe Cloutier-Roy. «Pour les républicains et Donald Trump, c’était vraiment inespéré, d’en être venu à faire ça, parce que c’était un exercice très difficile. Ceci étant dit, c’est une réforme qui est très impopulaire, donc peut-être que ça va faire plus de mal que de bien», a-t-il soutenu.

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