Soutenez

De trafiquant à président?

Supporters set up a placard of Rodrigo Londono, known as Timochenko, the presidential candidate of the political party launched by former rebels of the Revolutionary Armed Forces of Colombia, FARC, during an event to present the party's candidates to Congress in Bogota, Colombia, Saturday, Jan. 27, 2018. (AP Photo/Ricardo Mazalan) Photo: The Associated Press

La tradition colombienne veut qu’une campagne présidentielle soit annoncée sur le pas d’un hôtel 5 étoiles de la capitale. Rodrigo Londoño a plutôt opté pour un stationnement de centre communautaire dans un des quartiers les plus pauvres et les plus violents de Bogotá.

Connu sous le nom de guerre Timochenko, ou Timo pour les intimes, Londoño dit vouloir diriger un gouvernement qui «propulse la naissance d’une nouvelle Colombie». Les disparités économiques dans ce pays de 48 millions d’âmes sont les plus marquées en Amérique latine après Haïti.

Timo se proclame l’allié des laissés-pour-compte : il propose la gratuité des études universitaires, un accès à la santé financé par les riches, de nouvelles routes et de nouvelles lignes électriques, et il parle même d’un revenu minimum garanti.

La candidature de ce néophyte de la politique s’inscrit dans une tendance mondiale et n’a rien de surprenant… si on omet le lourd passé criminel du candidat.

Qui est Timo?
Âgé de 59 ans, il a étudié la médecine en URSS avant de suivre un entraînement militaire en Yougoslavie. Il s’est ensuite joint aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), une guérilla communiste, en 1982. Grimpant rapidement les échelons, Timo a été promu commandant puis membre de l’état-major central quelques années plus tard.

En 2011, il a repris le flambeau des FARC – qualifiées de groupe terroriste par les États-Unis et par l’Union européenne – des mains de leur dirigeant assassiné. Le département d’État américain offre d’ailleurs 5 M$US à quiconque lui permettra d’arrêter Timo pour son implication dans un cartel international.

Que sont les FARC?
Au début des années 1960, la Colombie se remet à peine de 10 ans de guerre civile, déclenchée par l’assassinat d’un candidat libéral à la présidence. Des Colombiens issus de milieux modestes, opposés à la concentration des richesses entre les mains d’une petite élite corrompue, s’organisent.

Inspirés par l’idéologie marxiste-léniniste et par le succès de la révolution cubaine, les guérilleros saisissent des territoires et interfèrent avec le pouvoir et la politique. Pour financer leurs opérations, les FARC exploitent aussi un réseau de narcotrafic.

Le gouvernement ordonne alors à l’armée de démanteler le groupe armé. Le mouvement d’insurrection s’étire toutefois sur 52 ans, se classant ainsi comme le plus long de l’histoire de l’hémisphère Ouest et causant plus de 200 000 morts.

Les FARC sont mortes, vive les FARC!
En 2016, des négociations avec les FARC ont valu un prix Nobel de la paix au président colombien sortant, Juan Manuel Santos. Une fois l’accord signé, l’armement des FARC a été remis aux Nations unies et les guérilleros démobilisés sont rentrés chez eux.

L’organisation criminelle devenue parti politique bénéficie en échange de 10 sièges au Congrès colombien jusqu’en 2026. Les Forces armées révolutionnaires de la Colombie ont été rebaptisées Force alternative révolutionnaire commune, gardant ainsi le même acronyme.

Edward Rodríguez, un représentant de la Chambre, prévoit contester la candidature de Timo auprès de la Cour pénale internationale de La Haye, bien que l’élection de Timo, en mai prochain, soit jugée «peu probable».
À suivre…

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.