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L'avocat de Stormy Daniels, nouvel ennemi de Trump

Catherine Lucey et Laurie Kellman - The Associated Press

WASHINGTON — Michael Avenatti veut que ce soit très clair: il ne bluffe pas.

L’an dernier, l’avocat en était aux derniers jours d’un procès devant jury face à une entreprise qu’il accusait d’avoir confectionné des vêtements chirurgicaux défectueux. Quand l’autre camp a remis en doute son intention de faire témoigner un responsable en poste au Honduras, il a sauté à bord d’un avion et est allé sur place convaincre l’homme de venir à Los Angeles raconter ce qu’il savait.

«Nous avons fait nos devoirs. Nous avons fait ce qu’on devait faire. Nous l’avons fait témoigner un vendredi après-midi. Et ça a été dévastateur pour la défense», a dit M. Avenatti, qui a finalement remporté un jugement de 454 millions $ US.

Cet avocat sans pitié, connu pour ses propos provocateurs, exploite la combinaison de puissance et de flamboyance qui a fait sa renommée pour s’en prendre au président Donald Trump au nom de la vedette de films pornographiques Stormy Daniels.

Avec une offensive médiatique comme les aime M. Trump, M. Avenatti talonne le président sans relâche, le narguant lors d’entrevues, l’agaçant sur Twitter et le prévenant qu’il a l’intention de le faire témoigner sous serment.

Mettant M. Trump au défi de le sous-estimer, l’homme de 47 ans assure que ce dossier est parfait pour un «tueur de dragons» dont la carrière a été consacrée à aider David à faire tomber Goliath. À ce jour, le président Trump, pourtant volubile, n’a pratiquement rien dit au sujet de Mme Daniels, même si la Maison-Blanche réfute ses propos.

Lors d’une entrevue diffusée dimanche par le réseau CBS dans le cadre de l’émission «60 Minutes», Mme Daniels a raconté avoir eu une relation sexuelle avec M. Trump en 2006 et qu’un homme l’avait ensuite menacée, en 2011, pour la contraindre au silence à ce sujet.

L’avocat de M. Trump, Michael Cohen, lui a versé 130 000 $ US quelques jours avant le début de la campagne présidentielle de 2016 dans le cadre d’une entente de confidentialité qu’elle essaie maintenant de faire invalider.

M. Avenatti a déclaré au réseau NBC que M. Trump est «sans aucun doute» au courant de l’existence de cette entente. Il a offert, au nom de sa cliente, de lui rembourser les 130 000 $ US. Il a laissé entendre que Mme Daniels avait été «menacée physiquement». Il a lancé sur Twitter une photo prise en 2011 et qui la montre apparemment se soumettant à un détecteur de mensonges au sujet de M. Trump.

Il a affronté plus d’une fois sur les ondes de CNN l’avocat de M. Cohen, David Schwartz. Les deux ont eu des échanges musclés il y a quelques jours, quand M. Avenatti a commencé a bombardé son adversaire en scandant «Voyou! Voyou! Voyou!»

Une campagne de sociofinancement

M. Avenatti refuse de dire comment il en est venu à représenter Mme Daniels, mais il assure que ni lui ni elle ne sont à la solde d’intérêts particuliers. Il assure que la défense de la femme est financée en entier par les quelque 300 000 $ US récoltés par une campagne de sociofinancement.

Ceux qui connaissent M. Avenatti ne sont pas surpris de le voir mener ce combat.

«Michael avait hâte de commencer à plaider dès sa première journée à la faculté de droit, affirme Jonathan Turley, qui lui a enseigné à l’Université George Washington. Il s’épanouit sous la pression qui vient avec.»

Ses dossiers précédents ont vu M. Avenatti se mesurer à des vedettes hollywoodiennes, à des entreprises et même à la puissante NFL.

William Cornell, un avocat de Boca Raton en Floride, le décrit comme «un des avocats les plus talentueux (qu’il) ait jamais affrontés».

À l’extérieur du tribunal, M. Avenatti a participé à plus de 30 courses automobiles aux États-Unis et en Europe depuis 2010. Il y a quelques années, il a acheté une chaîne de cafés à Seattle avant de se quereller avec son partenaire, l’acteur Patrick Dempsey. Il a ensuite vendu sa participation et dit qu’il n’offre plus que des conseils juridiques.

Il n’a besoin que de quatre ou cinq heures de sommeil par nuit, lance des phrases comme «la vie n’est pas une répétition générale» et conclut souvent ses gazouillis avec «#basta» — ça suffit.

Diplômé de l’Université de la Pennsylvanie, où M. Trump a aussi déjà étudié, et de la faculté de droit de l’Université George Washington, M. Avenatti attribue sa détermination à faire tomber les puissants à son adolescence, quand il a vu son père perdre son emploi sans préavis. Il affirme que cela a été une expérience «dévastatrice» pour sa famille.

Les partisans de M. Trump sont bien déterminés à démontrer qu’il est à la solde des démocrates, mais les preuves ne sont pas au rendez-vous. Une enquête menée par l’Associated Press n’a déniché aucune implication politique de sa part, financière ou autre, depuis 2007.

M. Avenatti nie que le dossier Trump soit politique et appuie même certaines mesures du président, comme la réforme fiscale. Il précise toutefois que le président et lui sont radicalement différents.

«Je ne suis pas le gars qui est né dans l’argent avec un portefeuille immobilier à Manhattan, a-t-il dit. Je suis un combattant de rue qui a un diplôme de première qualité.»

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