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L’IA au secours des éleveurs de bovins

Photo: Archives Métro

SAN FRANCISCO — Est-ce que le monde est prêt pour des vaches munies d’une intelligence artificielle?

Pas le temps de ruminer à la possibilité: le moment est déjà venu, grâce à une compagnie néerlandaise qui a joint deux technologies — les détecteurs de mouvement et l’intelligence artificielle — pour traîner les élevages jusqu’au 21e siècle.

La compagnie Connecterra offre son système IDA (Intelligent Dairy Farmer’s Assistant) aux États-Unis après l’avoir testé en Europe pendant plusieurs années.

IDA utilise un détecteur de mouvement attaché au cou de l’animal pour transmettre son comportement à un système géré par l’intelligence artificielle. Ces données, lorsqu’elles sont comparées au comportement réel de la bête, permettent éventuellemnent à IDA de déterminer si la vache se nourrit, si elle est allongée, si elle boit ou si elle se promène.

Cela permet de savoir si la vache est malade, si elle est devenue moins productive, ou si elle est prête à s’accoupler — informant l’éleveur de comportements qui pourraient autrement passer inaperçus.

«Il ne nous serait pas possible de suivre chaque vache individuellement», a dit l’éleveur Richard Watson, qui compte parmi les premiers à avoir adopté IDA en décembre.

M. Watson croit qu’un ordinateur qui identifie lesquelles de ses 2000 vaches ont besoin d’aide pourrait gonfler sa production de 10 pour cent, ce qui signifierait des centaines de milliers de dollars de pour sa famille et lui.

«Si on peut prouver que cette technologie offre ces avantages (…) Je pense que l’adoption de l’IDA dans plusieurs systèmes agricoles, surtout les très grands, deviendra incontournable», a-t-il dit.

Les élevages laitiers ne sont qu’une industrie où l’intelligence artificielle fait son arrivée, qu’il s’agisse du journalisme, des voitures autonomes ou de la fabrication. Dans le monde agricole, l’intelligence artificielle est utilisée pour étudier la santé des récoltes à partir des images de drones et combattre les mauvaises herbes.

Yasir Khokhar, un ancien employé de Microsoft qui a fondé Connectera, dit avoir eu cette idée après avoir habité un élevage laitier au sud d’Amsterdam.

«Il y a plusieurs facettes de la technologie utilisée par les fermiers qui sont dépassées, a-t-il dit. Ce qui est disponible est très encombrant à utiliser, et pourtant l’agriculture est un secteur qui a vraiment besoin de la technologie.»

L’IDA s’appuie la programmation en code source ouvert TensorFlow de Google, qui a aidé à propager l’intelligence artificielle à d’autres domaines. Ce langage s’ajoute au populaire code Python pour relier un réseau neuronal — les algorithmes que les ordinateurs utilisent pour apprendre — à des données provenant de textes, d’images, de sons ou de capteurs.

Ce langage a été téléchargé des millions de fois et quelque 1400 personnes ont contribué au code, dont 400 qui travaillent pour Google, a dit le responsable du produit, Sandeep Gupta. Il explique que TensorFlow peut être utilisé par des gens qui ont fait des mathématiques au secondaire et qui connaissent un peu la programmation.

«On veut que ça soit de plus en plus facile à utiliser», a-t-il dit.

TensorFlow a été utilisé à de multiples fins, que ce soit pour aider le télescope spatial Kepler à trouver des exoplanètes ou une tribu amazonienne à repérer la coupe illégale d’arbres, selon une porte-parole de Google, Justin Burr.

Google espère que la population utilisera le code source ouvert pour découvrir des applications que la compagnie pourra ensuite intégrer à ses activités.

Même sans intelligence artificielle, des capteurs aident les fermiers à surveiller leurs troupeaux.

L’éleveuse Mary Mackinson Farber, dans l’Illinois, explique qu’un capteur développé par une firme irlandaise et attaché à la queue d’une vache la prévient quand l’animal est prêt à mettre bas. Le système Moocall envoie un texto quand les contractions ressenties dans la queue se font plus intenses.

Même si elle admet qu’il s’agit d’un «bon outil», cela élimine aussi «l’intuition humaine» qui permet de comprendre de quoi l’animal a besoin.

«Il y a certaines tâches où ça peut nous être utile, mais je ne croirais pas que ça remplace complètement l’humain», a-t-elle dit.

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