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Autos électriques: le réseau se développe en Europe

Toby Talbot / The Associated Press Photo: Toby Talbot / The Associated Press

MUNICH — Recharger une voiture électrique loin de chez soi peut parfois être périlleux — il faut trouver une borne quelque part, peut-être au fond du terrain de stationnement d’une halte routière, et espérer qu’elle fonctionne.

En Europe, certains des plus importants constructeurs automobiles de la planète ont décidé d’apaiser la nervosité des automobilistes, et de stimuler les ventes de voitures électriques, en développant un réseau de bornes de recharge rapides le long des autoroutes. On veut que les automobilistes puissent brancher leur véhicule, recharger la batterie en seulement quelques minutes et reprendre la route — de la Norvège jusqu’au sud de l’Italie, du Portugal jusqu’à la Pologne.

Les enjeux sont grands pour des constructeurs comme Volkswagen, BMW, Daimler et Ford. Leur coentreprise Ionity, qui est installée à Munich, espère déployer son réseau de bornes de recharge à temps pour qu’il puisse être utilisé par la prochaine génération de véhicules électriques attendue l’an prochain. Ces constructeurs souhaitent récupérer une part du marché perdu à Tesla, qui dispose de son propre réseau de bornes rapides.

En dépit d’un démarrage plus lent que prévu, le patron d’Ionity, Michael Hajesch, a déclaré à l’Associated Press qu’il était persuadé de voir l’entreprise atteindre son objectif de déployer 400 stations ultrarapides de six bornes chacune d’ici 2020.

Le but est de «pouvoir parcourir de longues distances avec des voitures électriques à batterie, à travers l’Europe, et d’avoir la même expérience dans toutes les stations, donc un voyage très plaisant et confortable pour le consommateur», a-t-il expliqué lors d’une conversation au siège social de l’entreprise, près du stade des Jeux olympiques de 1972.

On espère ainsi que les voitures électriques ne seront plus conduites uniquement par ceux qui ont été les premiers à adopter cette nouvelle technologie et qui ne se formalisent pas de devoir recharger leur véhicule chez eux pendant toute la nuit.

«Les emplacements que nous envisageons sont vraiment de première qualité, a-t-il dit. Directement sur l’autoroute. Pas loin dans les terres, pas besoin de conduire cinq kilomètres jusqu’au prochain quartier industriel pour trouver une borne de recharge quelque part, sans éclairage, sans installations autour, mais directement sur l’autoroute.»

«Si vous allez de Hambourg à Munich, parce que c’est un déplacement d’une fin de semaine entre amis, vous n’avez pas beaucoup de temps», a-t-il illustré. L’important sera donc «la rapidité de recharge de votre véhicule, et en même temps peut-être avoir accès à des installations: peut-être acheter un café, ou un journal, ou quelque chose du genre».

Ionity a inauguré sa première station le 17 avril dans une halte routière de l’autoroute A61, près de la petite ville de Niederzissen, à environ 50 kilomètres au sud de Bonn, dans l’ouest de l’Allemagne. Les six bornes rapides sont en «mode bienvenue», ce qui signifie qu’elles sont gratuites jusqu’au 31 mai. Ionity compte ensuite vendre l’électricité, qu’elle espère obtenir de sources renouvelables. Ionity a des ententes pour 300 emplacements recharge et collabore avec des stations d’essence et des propriétaires de haltes routières.

Tesla a démontré qu’une infrastructure de recharge peut stimuler les ventes. L’entreprise compte 1229 stations dotées de 9623 bornes rapides seulement en Europe, où elle a plombé les ventes de constructeurs de luxe comme Mercedes et BMW. Mais Tesla a son propre système exclusif. Ionity utilise le branchement CCS appuyé par l’Union européenne comme norme commune.

Plus de bornes dans certaines régions

La situation est similaire en Europe et aux États-Unis: on retrouve davantage de bornes dans les régions dont les dirigeants sont des partisans de la voiture électrique, comme en Californie, en Norvège et aux Pays-Bas. Ailleurs, les bornes sont plus difficiles à trouver lors de longs trajets.

Volkswagen, qui a accepté d’investir dans les voitures peu polluantes dans le cadre du règlement du scandale des émissions de diesel, construira 300 stations le long des autoroutes américaines d’ici 2019, par le biais de sa filiale Electrify America. Le Japon dispose de 40 000 bornes, comparativement à 34 000 stations d’essence, selon Nissan — mais plusieurs se trouvent dans des garages privés.

Ionity se fie à la puissance de 350 kilowatts de ses stations publiques, soit près de trois fois la puissance de 120 watts des stations Supercharger de Tesla. Aucune voiture actuellement sur le marché ne peut utiliser entièrement une capacité de charge 350 watts, mais elles s’en viennent. Porsche prévoit offrir la Mission E en 2019 et estime qu’il ne faudra que 15 minutes pour la recharger pour un périple de 400 kilomètres.

Tesla et son fondateur Elon Musk «ont démontré qu’il ne suffit pas de construire des voitures électriques» sans aussi construire les infrastructures de recharge, souligne l’expert Ferdinand Dudenhoeffer, de l’Université de Duisbourg et Essen.

Les constructeurs automobiles «arrivent en retard, mais c’est mieux que c’était… C’est un fait que sans Elon Musk, les constructeurs automobiles n’auraient rien compris.»

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