L’Italie se rapproche d’un gouvernement populiste

ROME — L’Italie s’est approchée de son premier gouvernement populiste lundi, alors que deux forces de droite opposées à l’Union européenne ont choisi comme premier ministre potentiel un professeur de droit sans expérience politique.

Ni Luigi Di Maio, du Mouvement 5 Étoiles, ni Matteo Salvini, de la Ligue du Nord, n’ont identifié Giuseppe Conte comme chef de leur éventuel gouvernement à l’issue d’une rencontre à huis clos avec le président italien, Sergio Mattarella.

Mais dans une entorse au protocole, le chef du Mouvement 5 Étoiles a plus tard mentionné le nom de M. Conte aux journalistes à l’extérieur du palais présidentiel, en plus de le publier sur le populaire blogue de sa formation.

Ces consultations avec le président pourraient bien être les dernières avant la formation du prochain gouvernement italien, 11 semaines après les élections législatives qui ont laissé le Parlement sans majorité.

Il revient à M. Mattarella d’accepter ou non la désignation de Giuseppe Conte comme premier ministre. S’il y consent, M. Conte lui soumettra une liste des membres de son éventuel cabinet et son gouvernement fera ensuite face à des votes de confiance dans les deux chambres du Parlement.

La perspective d’un gouvernement dirigé par la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles pèse lourd sur les marchés boursiers.

Lundi, le coût des emprunts pour refinancer la dette publique italienne a bondi à son plus haut niveau en neuf mois.

Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a déjà signalé qu’un tel gouvernement populiste constituerait une menace à la stabilité financière de la zone euro s’il ne respecte pas les engagements de l’Italie sur sa dette.

Les programmes des deux partis, dévoilés la semaine dernière, n’ont fait qu’ajouter à cette incertitude qui plane au-dessus des marchés financiers. Ils prévoient abolir la réforme du système de retraites, instaurer un salaire minimum et introduire un impôt à taux unique — des mesures qui contribueront à l’expansion budgétaire tant redoutée par les économistes et les législateurs de l’Union européenne.

Les deux partis comptent aussi se montrer plus fermes en matière de déportation de migrants et plus ouverts au dialogue avec la Russie.

Un gouvernement de coalition formé par la Ligue du Nord et le Mouvement 5 Étoiles ne profiterait toutefois que d’une mince majorité d’à peine plus de 50 pour cent des sièges au Parlement.

Le chef de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, avait fait campagne au sein d’une coalition de droite menée par Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Le controversé ex-premier ministre s’oppose toutefois au Mouvement 5 Étoiles et a annoncé qu’il ne lui donnerait pas son appui lors d’un vote de confiance.