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Chine: La répression de Tiananmen a 29 ans

Tens of thousands of people attend an annual candlelight vigil at Hong Kong's Victoria Park, Monday, June 4, 2018. Hong Kongers commemorate victims of the Chinese government's brutal military crackdown nearly three decades ago on protesters in 1989 Beijing's Tiananmen Square. (AP Photo/Vincent Yu) Photo: AP

La Chine a renforcé sa censure lundi à l’occasion du 29e anniversaire de la répression du «printemps de Beijing» et fustigé les États-Unis, qui avaient appelé le régime communiste
à faire la lumière sur cet événement tabou.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, soldats et blindés avaient mis fin au mouvement d’étudiants qui occupaient depuis un mois et demi la place Tiananmen, au cœur de Beijing. Les manifestants réclamaient la fin de la corruption et une ouverture démocratique.

Le bilan de cette répression, qui avait suscité une vive condamnation internationale, est généralement évalué à plusieurs milliers de morts.

«Nous nous souvenons de la perte tragique de vies innocentes, nous nous joignons à la communauté internationale pour réclamer au gouvernement chinois de rendre publique la liste des personnes tuées, détenues ou disparues» en juin 1989, a indiqué le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

«Les fantômes du 4 juin n’ont pas encore trouvé le repos», a ajouté M. Pompeo, citant le dissident Liu Xiaobo, Prix Nobel de la paix 2010 décédé l’an dernier en détention.

Ces déclarations ont suscité la fureur de Beijing, qui a exprimé son «fort mécontentement» et transmis à Washington des «protestations solennelles».

«Les États-Unis accusent sans fondement le gouvernement chinois et s’ingèrent dans les affaires de la Chine», s’est indignée Hua Chunying, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

«Nous enjoignons aux États-Unis d’abandonner leurs préjugés, de corriger leurs erreurs, de cesser leurs remarques irresponsables et leur ingérence», a-t-elle martelé, assurant que le gouvernement chinois a déjà «tiré des conclusions limpides sur les troubles politiques des années 1980».

Des familles de manifestants tués en 1989 ont récemment exhorté le président Xi Jinping à «réhabiliter» leurs proches. «Chaque année, en juin, nous sommes contrôlés, placés en résidence surveillée ou éloignés de chez nous», ont déploré dans une lettre ouverte les «mères de Tiananmen», une association de parents ayant perdu un enfant lors de la répression.

De fait, l’épisode fait l’objet d’une véritable amnésie en Chine continentale, strictement banni des livres, des manuels scolaires, des films et de l’internet. La censure était renforcée hier dans les médias sociaux: la plateforme de microblogues WeChat empêchait ainsi ses usagers d’échanger des sommes d’argent pour 89,64 ou 64,89 yuans, montants évoquant la date du 4 juin 1989.

Comme chaque année, des militants sont éloignés de Beijing pour les empêcher de prendre part à d’éventuelles commémorations, à l’instar de l’intellectuel Hu Jia, cantonné depuis le 1er juin en «vacances forcées» à Qinghuangdao, station balnéaire à 300km de la capitale.

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