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Discrimination anti-asiatique: Harvard sur la sellette

FILE-- In this March 7, 2017 file photograph, rowers pass the campus of Harvard University as they paddle down the Charles River in Cambridge, Mass. Harvard and the group Students for Fair Admissions will file dueling analyses of the Ivy League school's admissions data in a lawsuit alleging discrimination against Asian-American applicants. (AP Photo/Charles Krupa) Photo: AP

La bataille judiciaire opposant les étudiants d’origine asiatique à Harvard pour discrimination s’est intensifiée vendredi, avec la publication de nouveaux documents montrant que la prestigieuse université américaine était consciente des travers raciaux de sa politique d’admission.

La célèbre université de Boston avait été assignée en justice en 2014 par une organisation d’étudiants, Students for fair admissions (SFFA, étudiants pour des admissions équitables), pour ses préférences accordées aux candidats de première année blancs, noirs et hispaniques, aux dépens d’étudiants asiatiques plus méritants.

Vendredi, la SFFA a ajouté à son assignation, déposée devant un tribunal fédéral du Massachusetts, des documents indiquant que des chercheurs de Harvard avaient analysé la politique d’admissions en 2013.

Ils ont mis en évidence une politique défavorable aux candidats d’origine asiatique, aux résultats académiques en moyenne supérieurs à ceux des autres groupes ethniques.

L’étude avait montré qu’en raison de cette politique, ils représentaient seulement 19% des étudiants admis, alors qu’ils seraient à 26% sur l’ensemble des critères d’admission non raciaux et à 43% sur les seuls critères académiques.

Selon l’association SFFA, qui attaque aussi la politique d’admission d’une université de Caroline du Nord, Harvard applique depuis longtemps un système d’«équilibrage racial» des admissions, visant à maintenir une proportion quasi-invariable d’étudiants des différents groupes ethniques.
Un système qui remonte aux années 1920, où Harvard, comme d’autres, s’efforçaient de limiter la proportion d’étudiants juifs, et qui jouerait aujourd’hui contre les Asiatiques, selon l’association.

La SFFA ne conteste pas la volonté d’équilibrer ethniquement le campus mondialement connu du nord-est des États-Unis.

Mais elle souligne que d’autres universités d’élite ont montré que «l’utilisation de critères non raciaux», et notamment «socio-économiques», peuvent «promouvoir la diversité aussi bien que des préférences raciales».

L’université de Harvard a réfuté vendredi les derniers éléments produits par la SFFA, soulignant qu’une «analyse complète» montrait clairement qu’Harvard ne discriminait contre aucun groupe ethnique, et que le taux d’admissions des étudiants d’origine asiatique avait progressé de 29% sur la dernière décennie.

Harvard entend «défendre vigoureusement son droit de rechercher tous les bénéfices éducatifs liés à des promotions diverses sur de multiples plans», a indiqué la direction de l’université dans un communiqué.

Cette affaire, qui pourrait aller au procès cet automne, illustre combien la question raciale dans les admissions des grandes universités américaines reste sensible, après des années de bataille sur les politiques de discrimination positive, favorisant l’entrée à l’université d’étudiants issus de minorités ethniques.

En juin 2016, la Cour suprême américaine avait réaffirmé la légitimité de ces politiques, soulignant l’importance de «la diversité du corps étudiant».

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