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Coupe du monde: Le mouvement LGBT bâillonné

Dmitry Belyaev - Metro World News

Les «maisons de la fierté et de la diversité», qui devaient offrir un environnement tolérant aux partisans de couleur ou issus de la communauté LGBT pour écouter les matchs de la Coupe du monde en Russie, n’ont finalement pas ouvert leurs portes. Nikolaï Alexeïev, un avocat et activiste russe, a discuté avec Métro de la situation dans le pays hôte.

Le réseau international «Football contre le racisme en Europe» (FARE) a été informé par certains propriétaires d’établissements qu’ils retiraient leur participation à cette initiative quelques jours seulement avant le début du Mondial.

Certains jugent que cette décision est motivée par des raisons politiques.

Quelles démarches avez-vous entreprises pour ouvrir des maisons de la fierté et de la diversité pendant le Mondial 2018?
Nous avons essayé d’enregistrer une adresse légale pour ces maisons de la fierté, comme nous l’avions fait pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Mais notre demande a été rejetée à Saint-Pétersbourg, Iekaterinbourg et Moscou. Nous planifions maintenant d’entamer une poursuite en justice.

En quoi consistent ces maisons de la fierté?
Ce n’est pas une nouvelle idée. De tels endroits ont été ouverts lors de Coupes du monde précédentes. Je crois même que la FIFA pourrait faire de «Non à l’homophobie» sa devise pour le tournoi de 2026, qui aura lieu au Canada, au Mexique et aux États-Unis. Ce type d’endroit encourage la tolérance à l’égard des minorités et la discussion sur les droits de la personne en général, pas seulement dans les sports.

Planifiez-vous des manifestations LGBT?
Si nous descendions dans la rue avec un drapeau arc-en-ciel, on nous mettrait en prison. Et ouvrir ces établissements de façon clandestine serait interprété comme de la provocation. Nous l’avons déjà fait et j’ai été mis à l’amende, arrêté, battu et jeté en prison. Je préfère maintenant utiliser la voie légale.

«De nombreuses personnes LGBT ont déjà été battues et arrêtées depuis le début de la Coupe du monde.» – Nikolaï Alexeïev, activiste russe pour les droits des personnes LGBT

La FIFA vous aide-t-elle?
Nous voulions nous rassembler pour appeler la FIFA et ainsi commencer la lutte contre l’homophobie, mais notre demande a été rejetée par le gouvernement local en raison de la loi russe sur la propagande gaie. Donc, chacune de nos intentions d’exprimer notre opinion est réprimée. En passant, la Cour européenne des droits de l’homme a déjà déclaré que cette loi viole la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Toutefois, cette loi est toujours appliquée ici.

Donc, vous n’avez pas eu de contact avec la fédération internationale…
Non. Je n’ai pas l’impression qu’il y a un souhait d’aborder le problème globalement. La FIFA pourrait déclarer être contre l’homophobie, mais il n’y a pas d’action concrète sur le terrain pendant la Coupe du monde ici.
Si le tournoi avait eu lieu dans un pays européen ouvert à la communauté LGBT, je crois que la situation aurait été différente.

Comment se porte le mouvement LGBT en Russie?
Si nous comparons la situation actuelle à ce que c’était il y a 10 ans, c’est au point mort. L’activité a diminué, il y a une sorte d’apathie dans la société russe. Les gens espéraient des changements politiques qui ne se sont pas produits. Nous avons aussi perdu beaucoup de gens qui appuyaient la cause, car ils ont quitté le pays pour vivre à l’étranger. Mais nous faisons beaucoup de travail juridique, ce qui est aussi très important.

Un militant arrêté

Quelques heures avant le coup d’envoi du Mondial, le militant britannique Peter Tatchell a été arrêté à Moscou pour avoir tenu une manifestation solitaire dénonçant la répression des droits des LGBT en Russie. «Poutine n’agit pas contre la torture des homosexuels en Tchétchénie», pouvait-on lire sur son affiche.

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