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Imran Khan revendique la victoire aux législatives pakistanaises

A Pakistani motorcyclist rides past a billboard featuring an image of Pakistan's cricketer-turned politician Imran Khan, head of the Pakistan Tehreek-e-Insaf (Movement for Justice) party, a day after the general election in Islamabad on July 26, 2018. Pakistan woke to electoral chaos on July 26 with the outgoing ruling party denouncing "blatant rigging" in the pivotal general election and rejecting unofficial, partial results suggesting victory for former cricket champion Imran Khan. / AFP PHOTO / AAMIR QURESHI Photo: AFP

L’ex-champion de cricket et homme politique Imran Khan a revendiqué jeudi la victoire de son parti aux élections législatives de la veille au Pakistan, marquées par un climat très tendu et des accusations de fraude, et dont les résultats tardent à venir.

« Nous avons réussi. On nous a donné un mandat », a déclaré Imran Khan lors d’une intervention télévisée en direct depuis son quartier général de Bani Gala, à quelques kilomètres d’Islamabad.

Les résultats officiels du scrutin n’ont pas encore été communiqués par la Commission électorale pakistanaise (ECP), près de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote mercredi.

Malgré cela, des centaines de ses partisans, souvent jeunes, avaient célébré dès mercredi soir sa victoire attendue en dansant et chantant dans les rues des grandes villes du pays. Imran Khan « a motivé la jeunesse », s’enthousiasmait Fahad Hussain, 21 ans.

M. Khan, qui a promis l’avènement d’un « nouveau Pakistan », est soupçonné depuis des mois d’avoir bénéficié de l’appui en sous-main de la puissante armée dans sa quête du pouvoir.

Les projections officieuses et partielles des médias donnaient jeudi son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), vainqueur avec au moins 119 sièges de députés, loin devant son rival, le parti PML-N. Une majorité de 137 sièges est nécessaire à la formation d’un gouvernement.

Le dépouillement des bulletins a pris énormément de retard en raison de « problèmes techniques » liés à l’utilisation d’un nouveau logiciel électoral, a justifié la Commission.

« Ces élections ne sont pas entachées. (…) Elles sont à 100% justes et transparentes », s’est défendu le directeur de l’ECP, Sardar Muhammad Raza.

Ces problèmes ont alimenté de nombreuses accusations de fraude de la part des autres partis en lice, notamment le PML-N, qui a fait savoir dès mercredi soir qu’il « rejetait intégralement les résultats (…) du fait d’irrégularités manifestes et massives ».

« Les résultats ont été comptés en l’absence de nos agents électoraux », a-t-il fait valoir.

Son dirigeant Shahbaz Sharif, frère de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, actuellement emprisonné pour corruption, a dénoncé « des fraudes si flagrantes que tout le monde s’est mis à pleurer ».

Il a ensuite averti sur Twitter que les « résultats basés sur un truquage massif causeront des dommages irréparables au pays ».

Le chef du PPP (Parti du peuple pakistanais, au pouvoir de 2008 à 2013) Bilawal Bhutto-Zardari, a abondé dans son sens en qualifiant d' »inexcusable et scandaleux » le dénouement de l’élection. D’autres partis politiques ont également fait état de fraudes.

La controverse fait suite à une campagne déjà considérée par certains observateurs comme l’une des plus « sales » de l’histoire du pays en raison de nombreuses manipulations présumées, et marquée par une visibilité accrue des partis religieux extrémistes.

Instabilité?
Pour les analystes, cette série d’événements risque d’ouvrir la voie à une nouvelle période d’instabilité pour le pays.

« C’est le chaos complet », a observé l’analyste politique Azeema Cheema, se déclarant « très préoccupée » par le tour que pourraient prendre les évènements.

« Cela dépendra de comment sera organisée la désobéissance civile. Il pourrait y avoir des émeutes spontanées parmi les militants politiques. Ou les partis politiques pourraient organiser des sit-in et des manifestations », a-t-elle expliqué à l’AFP.

« Peu importe comment il sera géré, le climat post-électoral immédiat sera assez tendu », a de son côté estimé Michael Kugelman, analyste du Centre Wilson à Washington, qui ne voit « aucune façon d’éviter une période de tourmente ».

« La plupart des observateurs s’attendaient à un vote serré rendant la formation d’une coalition nécessaire, ce qui aurait pris plusieurs jours et aurait pu être assez tendu. Au lieu de cela, on a le problème inverse, avec un parti qui a pris le large, ce qui rend ses rivaux suspicieux », a-t-il souligné.

Les élections de mercredi, placées sous très haute sécurité, constituaient un cas rare de transition démocratique d’un gouvernement civil à un autre dans ce jeune pays au passé ponctué de coups d’Etat militaires. Le Pakistan, puissance nucléaire, a été dirigé par son armée pendant près de la moitié de ses 71 ans d’histoire.

Souvent présenté comme un séducteur impéninent en Occident, l’ancien sportif se montre sous un jour bien plus dévot au Pakistan, où il a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille électoral.

Quelque 800.000 militaires et policiers avaient été déployés pour assurer la sécurité du vote.

Plusieurs attaques contre le scrutin se sont pourtant produites. La plus importante, un attentat suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), a fait au moins 31 morts et 70 blessés près d’un bureau de vote de Quetta, dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

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