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Affaire Khashoggi: Trump se défend de couvrir son allié saoudien

President Donald Trump listens during a cabinet meeting in the Cabinet Room of the White House, Wednesday, Oct. 17, 2018, in Washington. (AP Photo/Evan Vucci) Photo: The Associated Press

Donald Trump a nié mercredi chercher à «couvrir» ses alliés saoudiens dans l’affaire Jamal Khashoggi, ce journaliste qui aurait été assassiné à Istanbul par des tueurs envoyés par Ryad.

«Je ne couvre pas du tout» les Saoudiens, a assuré le président des États-Unis à des journalistes à la Maison Blanche. «Je veux juste savoir ce qui se passe», a-t-il ajouté, expliquant s’attendre à ce que la vérité éclate «d’ici à la fin de la semaine» alors que sont publiés dans la presse des détails effroyables sur le possible assassinat.

Un prochain indice de la position américaine devrait venir de la décision du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, qui a promis de décider jeudi, «sur la base du rapport du secrétaire d’Etat Mike Pompeo» de retour d’Arabie saoudite, s’il se rend ou non à une conférence économique organisée à Ryad et boycottée par un nombre croissant de personnalités.

Signe de la complexité du dossier pour les Américains, Donald Trump, dont le mandat a été jusqu’ici marqué par un resserrement des relations avec la monarchie du Golfe, n’a pas cherché à masquer les énormes intérêts stratégiques qui lient les États-Unis à l’Arabie saoudite, confirmant qu’il ne souhaitait pas prendre ses distances.

Il a souligné que Washington avait besoin du royaume sunnite dans la lutte contre le terrorisme et contre l’Iran chiite. Et insisté une nouvelle fois sur la coopération militaire et sa dimension économique, soucieux, dit-il, de ne pas perdre «un énorme contrat» d’armement qu’il chiffre à 110 G$ – même si l’essentiel des ventes ne s’est pas encore concrétisé. «Les Saoudiens sont d’excellents partenaires sur beaucoup de sujets, et il faut bien garder à l’esprit qu’on a beaucoup des relations importantes, des relations financières entre des sociétés américaines et saoudiennes, des relations gouvernementales», a renchéri Mike Pompeo.

À cet égard, des sénateurs démocrates ont réclamé que le président Trump rende publics ses éventuels liens financiers avec le géant pétrolier, s’inquiétant d’éventuels «conflits d’intérêts». Sous une pression croissante, les autorités saoudiennes nient avoir connaissance du sort de Jamal Khashoggi, qui s’est installé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour.

Mais de nouveaux indices accréditent la thèse d’un assassinat du journaliste au consulat saoudien d’Istanbul, où sa trace s’est officiellement perdue le 2 octobre. Des informations du New York Times, photos à l’appui, renforcent les soupçons à l’encontre de Ryad: selon le quotidien, l’un des hommes identifiés par les autorités turques comme faisant partie du commando de 15 agents dépêchés par Ryad et suspectés de l’avoir tué fait partie de l’entourage du prince hériter saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS.

Trois autres appartenaient aux services de sécurité rattachés au jeune dirigeant. Washington continue malgré tout de ménager Ryad, qui nie toute implication. Mike Pompeo s’est entretenu mardi dans la capitale saoudienne avec le roi Salmane et le prince héritier, considéré comme l’homme fort du royaume.

Le Washington Post, pour lequel écrivait parfois Jamal Khashoggi, a accusé Donald Trump et son gouvernement de mener une «opération de nettoyage diplomatique» pour préserver MBS, en épinglant «le large sourire» de Mike Pompeo lorsqu’il a rencontré le prince. «Pourquoi l’administration Trump fait-elle le ménage pour le compte de l’Arabie saoudite?», s’est demandé le quotidien.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine a rencontré à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’est également gardé à ce stade d’incriminer ouvertement les Saoudiens, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. Pressé de questions sur sa mission, Mike Pompeo a assuré vouloir laisser «quelques jours» aux deux pays pour boucler leur enquête.

Les autorités turques ont mené cette semaine des perquisitions au consulat et dans la résidence du consul Mohammad Al-Otaibi qui, selon les médias turcs, était présent dans la mission diplomatique quand l’assassinat supposé a eu lieu. Il s’est rendu mardi à Ryad. La presse turque a publié de nouvelles révélations accablantes pour les Saoudiens, selon lesquelles Jamal Khashoggi a été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition.

Le journal progouvernemental turc Yeni Safak, affirmant s’appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, rapporte mercredi que le journaliste y a été torturé avant d’être «décapité» par des agents saoudiens. Le site Middle East Eye, se basant sur les mêmes bandes sonores, a affirmé que l’assassinat avait duré sept minutes et que les agents saoudiens avaient commencé à le découper en morceaux alors qu’il était encore en vie.

Les États-Unis ont demandé à avoir accès à cet enregistrement «s’il existe», a assuré Donald Trump. Mais Mike Pompeo ne l’a pas écouté au cours de son déplacement.

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