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Les migrations humaines peuvent être bien gérées

A girl plays with a doll as Central American migrants wait in lines for buses donated to transport families with small children on to the next stop, in Niltepec, Oaxaca state, Mexico, at dawn on Tuesday, Oct. 30, 2018. The migrant caravan slowly advancing through southern Mexico is demanding that the Mexican government help its 4,000-some members reach Mexico City even as a second smaller group of Central American migrants entered the country, presumably with the intention of joining it. (AP Photo/Rebecca Blackwell) Photo: AP
Miguel Velazquez - Metro World News

La «caravane» de personnes migrantes originaires du Honduras fait les manchettes internationales depuis plusieurs semaines. Malgré le langage alarmiste à ce sujet, un tel mouvement de population n’est ni nouveau, ni unique.

«La migration est un enjeu mondial essentiel du XXIe siècle. C’est un phénomène normal et inévitable», affirme Alexander Betts. Métro s’est entretenu avec le professeur spécialisé en migration forcée et en relations internationales à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni.

Quel est le portrait de la migration humaine dans le monde?
Il y a près de 260 millions de personnes migrantes dans le monde aujourd’hui, comparativement à 70 millions en 1970. Toutefois, le pourcentage de migrants reste proportionnellement le même, étant à peu près de 3,4%. La plupart des migrations sont liées au travail et à l’économie, même si les catégories de migration ne rendent pas justice à la complexité des motivations qui poussent les gens à partir de chez eux.

Les régions où on observe le plus de migrations comprennent la frontière entre les États-Unis et le Mexique, l’Europe et l’Asie du Sud, avec ses travailleurs qui migrent vers les États du golfe Persique. Le nombre de réfugiés – ceux qui fuient la persécution et les violations des droits de l’Homme – s’élève à 25 millions de personnes, dont 68% viennent de seulement cinq États: le Soudan du Sud, l’Afghanistan, la Somalie, le Myanmar et la Syrie. La vaste majorité des réfugiés sont présentement accueillis par des pays pauvres.

«Il est essentiel que les pays partagent la responsabilité d’aider les réfugiés.» –Alexander Betts, professeur spécialisé en migration forcée à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni

Quelles sont les conséquences d’un mouvement migratoire de masse en Europe?
En 2015, l’Europe a reçu environ un million de migrants. La plupart fuyaient la Syrie, et la majorité est allée en Allemagne. Si on les compare aux mouvements de réfugiés dans d’autres pays, ces nombres sont tout à fait gérables par l’Union européenne. Pourtant, un manque de courage politique, dans le contexte de changements économiques structuraux, a mené les populations européennes à blâmer les migrants pour leurs problèmes économiques et sociaux.

Dans les régions les plus affectées par l’austérité budgétaire ou qui ont perdu beaucoup d’emplois dans le secteur manufacturier, des électeurs en colère ont porté au pouvoir des partis populistes et nationalistes comme Alternative pour l’Allemagne (AfD). Au Royaume-Uni, le vote pour le Brexit a eu une forte teneur antimigratoire.

Toutefois, il est important de mentionner que ce ne sont pas des conséquences inévitables de la migration, si celle-ci est bien gérée au niveau social et politique.

Des pays comme les États-Unis, le Canada et l’Australie ont été fondés par l’immigration. On sait que la migration a des bénéfices autant pour le pays d’accueil que pour le pays d’origine.

Il faut quand même préciser que certaines parties de la société peuvent se sentir menacées par un afflux d’étrangers. C’est pourquoi il est important d’avoir des mesures en place pour encourager une migration sensée et le soutien du public, ainsi que des actions pour remplir ses obligations face aux droits de l’Homme. Sans ce soutien, il y a un risque de retour de flamme populiste.

D’autres départs du Honduras

Une seconde caravane d’environ 2000 migrants centraméricains progressait hier vers Tapachula, dans l’État du Chiapas (sud du Mexique), après être parvenue la veille à franchir le fleuve séparant le Guatemala du Mexique.

Comme ceux de la précédente caravane, ces migrants, pour la plupart honduriens, ont rejeté le plan d’aide du président mexicain leur offrant une couverture médicale, de l’éducation pour leurs enfants et du travail temporaire à condition qu’ils s’arrêtent et déposent des demandes d’asile. De son côté, la première caravane a quitté hier la localité de Niltepec en direction de Mexico.

Craignant une «invasion» de son pays par ces migrants centraméricains, le président Donald Trump va déployer plus de 5200 soldats à la frontière américano-mexicaine, qui s’ajouteront aux quelque 2100 membres de la Garde nationale qui sont déjà mobilisés. (Agence France-Presse)

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