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Des hommes et leur totem

Photo: Ralph Ziman


Le paradoxe des fusils d’assaut

Un réalisateur a mis en lumière le rôle paradoxal joué par les AK-47 en Afrique en photographiant de saisissantes répliques du fusil d’assaut. Ralph Ziman, un Johannesbourgeois de 50 ans, a pris en photo des vendeurs ambulants du Zimbabwe brandissant des copies de la fameuse arme, produites selon les techniques de l’artisanat traditionnel.

Entrevue avec Ralph Ziman, réalisateur sud-africain qui habite à Los Angeles, aux États-Unis.

Pourquoi avez-vous décidé d’aborder le sujet des armes à feu?
L’histoire derrière ce projet – intitulé Fantômes – a commencé il y a un an, alors que j’étais dans ma maison natale, à Johannesburg. Je me suis rappelé les violences perpétrées à l’aide d’AK-47, qui affligent le continent africain. Intrigué par la terreur qu’inspirent les armes à feu dans la culture de l’Afrique, j’ai demandé à des vendeurs zimbabwéens rencontrés dans un marché d’artisans de faire des répliques de ces armes avec des billes et des fils. Ils ont même accepté de poser avec leurs œuvres.

Les AK-47 représentent autant l’oppression que la liberté : ils ont tué des millions de personnes, mais ils ont joué un rôle central dans les guerres d’indépendance – à un point tel que le AK-47 figure sur le drapeau du Mozambique. Aviez-vous ce paradoxe en tête au moment de réaliser votre projet?
Bien entendu. Les armes colorées que j’ai prises en photo soulignent la nature aporétique de ce fusil. Elles sont comme des serpents, à la fois belles et venimeuses – elles doivent être manipulées avec précaution. En Afrique du Sud, le AK-47, qui était jadis un instrument pour lutter contre le régime de l’apartheid, est aujourd’hui utilisé pour commettre des crimes contre des innocents.

Avez-vous déjà été victime des armes à feu?
Oui, à quelques reprises. Il y a plusieurs années, au centre de Johannesburg, j’ai été volé à la pointe d’un fusil. Tout cela est arrivé très vite, ça n’a duré que quelques secondes. Mais ça m’a pris un certain temps pour surmonter le traumatisme.

Que souhaitez-vous transmettre par votre projet?
La galerie C.A.V.E de Los Angeles expose les œuvres, et les 200 répliques d’arme à feu seront vendues au bénéfice de l’organisme Human Rights Watch en Afrique.

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