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Écosse: le «oui» en terre conquise

Photo: Maxime Huard/Métro

Pour quiconque n’a pas vécu le référendum de 1995, la campagne qui se déroule actuellement en Écosse a des relents de printemps étudiant 2012.

À Glasgow, du moins, c’est la jeunesse qui affiche fièrement ses couleurs. Les macarons multicolores au veston d’une majorité d’étudiants vous saluent d’un «Yes» totalement assumé, éveillant chez le Québécois des souvenirs de carré rouge.

Dans cette ancienne capitale industrielle – majoritairement en faveur de l’indépendance –, la campagne du «Oui» a des airs de carnaval. Impossible d’éviter le référendum. Nationalistes, socialistes et environnementalistes réunis pour la cause improvisent des assemblées sur les parvis, érigent des banderoles criardes dans les parcs et sont partout sur les grandes artères.

Le «Oui» semble détenir ici le monopole de la créativité. «All the cool kids are doing it!» lance un militant indépendantiste derrière une table bondée de tracts et d’autocollants. Comme pour lui donner raison, une tendance générationnelle s’installe dans l’ensemble de l’Écosse. Un récent sondage national mené par la firme YouGov montre que l’appui au «Oui» chez les 16 à 40 ans se situe à 60 %. Chez les 60 ans et plus, le «Non» domine largement.

Le contraste est frappant parmi les bénévoles et les militants glaswégiens du «No Thanks». Beaucoup plus discrets que leurs adversaires, ils s’étaient terrés lundi soir au Royal Concert Hall pour une assemblée citoyenne sur le thème «Would I be better off?» («Serais-je mieux» dans une Écosse indépendante?) Les participants connaissaient déjà leur réponse à cette question.

«On m’accuse de trahison parce que je vote Non! Mais je ne trahis pas les Écossais, je suis fidèle au Royaume-Uni!» clame une unioniste devant un parterre de têtes blanches. Et lorsqu’elle évoque, d’une voix empreinte de panique, la disparition potentielle de sa citoyenneté britannique, on l’applaudit à tout rompre.

Dans le décor gris, bruineux et un peu morose de Glasgow, on comprend autant les citoyens qui rêvent d’améliorer leur sort que ceux qui redoutent un saut dans l’inconnu.

«Ce référendum aurait dû être fait dans les années 1960, tranche le chauffeur de taxi à la soixantaine bien sonnée qui nous mène le long de la Clyde River. Les opportunités étaient bien meilleures à l’époque.» Les années 1960, c’est-à-dire avant le déclin industriel de Glasgow et, surtout, avant l’arrivée des quotas de pêche de l’Union européenne, que beaucoup accusent d’avoir ralenti l’économie.

Mais à choisir entre l’Union européenne (à laquelle les indépendantistes au pouvoir promettent une adhésion accélérée) ou l’austérité conservatrice de l’Union britannique, notre homme est déchiré. «J’imagine qu’il n’est jamais trop tard pour le changement», finit-il par admettre à contrecœur.

Sur ce point, sans doute, la jeunesse de Glasgow lui donnera raison.

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