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Référendum écossais: «Follow the money»

Photo: Maxime Huard/Métro

À Stirling, le folklore écossais atteint des sommets vertigineux. Littéralement.

On grimpe 246 marches pour atteindre le haut du monument William Wallace, d’où le regard se porte sur des coins de campagne marqués par les guerres médiévales entre l’Écosse et l’Angleterre.

Pourtant, en cette semaine référendaire, on ne sent pas ici d’appétit pour les grandes batailles. Dans une ville où presque tous les lieux publics sont nommés en son honneur, le héros rendu célèbre par le film Braveheart aurait fort à faire pour recruter des combattants; la ferveur de Stirling se limite à quelques pauvres affiches dans les fenêtres.

«Follow the money», explique Derek, un ancien pilote de l’armée britannique croisé au détour d’une rue. «Surveillez l’argent que les parieurs ont investi; vous saurez qui va gagner», conseille ce fier partisan du «Non».

De fait, un petit arrêt chez William Hill, un des plus grands preneurs de paris au Royaume-Uni, nous en apprend un peu sur l’humeur des Écossais. En début de soirée mercredi, on obtenait 19£ pour chaque 3£ gagés sur le Oui. Le Non, un pari plus sûr, payait 1£ pour chaque 5£ investis.

«Un type a misé 450£ sur le “Oui” tantôt», dit en riant le jeune caissier. La mise pourrait rapporter près de 3 000£ (environ 5 300$CAN)… une somme plutôt modeste considérant que certains optimistes ont placé jusqu’à 800 000£ (1,4M$CAN) sur leur option.

«Follow the money», donc, tout comme ces banques et ces compagnies qui assurent vouloir plier bagage dans l’éventualité – improbable, mais pas impossible selon les sondages – où l’Écosse deviendrait indépendante. «Mon ami travaille pour une compagnie financière à Édimbourg. Ils ont déjà annoncé qu’ils couperaient 50 % des postes et déménageraient les 50% restants à Londres si les gens votent “Oui”», continue notre ex-militaire devenu pilote de ligne. «J’ai voté “Non”, mais le résultat m’importe peu, admet-il. Si tout fout le camp advenant l’indépendance, je rentre en Irlande du Nord!»

Ironiquement, le monument William Wallace abrite une réplique de la célèbre lettre de Lübeck, écrite en 1297 de la main du héros national lui-même. Wallace y implore les commerçants allemands de venir faire des affaires en Écosse, maintenant que lui et ses hommes ont eu raison des Anglais.

Devant les menaces de fuite de capitaux qu’on laisse planer actuellement au-dessus de la tête des électeurs écossais, le leader indépendantiste Alex Salmond devra peut-être s’inspirer de ce fragment de folklore, au lendemain d’un «Oui», s’il compte remporter son pari référendaire.

«Follow the money», diraient certains.

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