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La petite parenthèse de Sarkozy

Il a beaucoup parlé. S’est agité en permanence. S’il n’a pas été le premier président à diluer ses nombreuses promesses, son quinquennat, commencé dans le chic Fouquet’s des Champs-Élysées, restera sans doute une petite parenthèse dans la longue histoire de France.

«En cas d’échec, je serai le seul responsable», avait-il lancé après le premier tour. Nicolas Sarkozy ne croyait pas si bien dire. La défaite politique de la droite hier est avant tout un échec personnel. Il a été le président le plus impopulaire de la Ve République. Défait, il pourra enfin «faire du fric», comme il le confiait aux derniers jours d’une campagne acrimonieuse.

Sa personnalité atypique dans le paysage français a fini par agir comme un repoussoir pour les électeurs, même de droite. Rarement a-t-on vu un président irriter autant les Français.

Nicolas Sarkozy avait un point en commun avec Silvio Berlusconi. À l’instar du premier ministre italien déchu, son autocélébration frisait l’obsession. Le sarkozysme, comme le berlusconisme, est avant tout un style où triomphe la première personne du singulier.

«Le sarkozysme se débonde comme une bouche d’égout», titrait la semaine dernière Libération. Le quotidien de gauche n’a jamais été tendre pour le 23e président de la République, dont la «doctrine» a fractionné la droite. Elle ne s’est d’ailleurs pas ralliée massivement derrière lui. Même si sa campagne très à droite visait à séduire le Front national, les électeurs du parti de Marine Le Pen l’ont boudé.

À l’évidence, l’élection d’hier a été un référendum sur le «sarkozysme», considéré déjà par certains comme une «insulte». Si le président défait a en grande partie été l’artisan de son propre malheur, il ne peut être tenu responsable de tous les maux de l’Hexagone, dont les dépenses publiques atteignent plus de 50 % du produit intérieur brut d’un État «en faillite», selon les mots de son ministre François Fillon.

Nicolas Sarkozy a voulu une «révolution culturelle» pour son pays en mal de réformes. Il s’y est mal pris, et ses concitoyens se sont surtout attardés sur ses «petits défauts». Ils ont choisi le pragmatique François Hollande qui leur a promis d’être un «président normal». Il sera sans doute un autre «roi républicain», comme la France les aime.

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