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François Bugingo: «Il faut arrêter de penser à des solutions globales»

Photo: collaboration spéciale

Qui a dit que le Sud avait encore besoin de l’aide du Nord? Près de 450 spécialistes de l’aide internationale discuteront entre autres de la question à Montréal les 23 et 24 janvier pour la quatrième édition du Forum international. Le journaliste et porte-parole François Bugingo fait le point.

Comment se situent le Canada et le Québec en termes d’aide internationale?
Notre carte de visite est globalement bonne, car on n’a pas de passé colonialiste et on n’a écrasé personne. Par contre, les temps sont durs pour les organismes. Le fédéral limite son aide à certains pays et à certains secteurs plus axés sur le commerce. Si un organisme intervient à Gaza, c’est considéré comme une intervention politique, et ses subventions peuvent être coupées. Du côté du Québec, c’est le manque de moyens qui prime. Seules les grandes crises entraînent des élans de soutien. Les tribunes manquent, et les gens se rendent compte que la pauvreté avance chez nous, alors ils sont moins enclins à donner pour des actions à l’étranger.

Une des conférences s’intitule Qui a dit que le Sud avait encore besoin de l’aide du Nord? De quoi y sera-t-il question?
Je reviens tout juste de Côte d’Ivoire, où il y a eu le premier festival numérique, et j’ai de nouveau été estomaqué de voir que dans un pays comme celui-là ou d’autres comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, on a une jeunesse hyper active et engagée qui prend conscience de sa marge de manœuvre. Les pays du Nord qui veulent leur venir en aide doivent sortir du paradigme «j’ai le cash, je sais tout, ferme ta gueule». D’ailleurs, on assiste de plus en plus à une forme de coopération entre les pays du Sud. On le voit avec la nouvelle banque chinoise qui, à terme, fera contrepoids à la Banque mondiale.

«Les pays du Nord qui veulent […] venir en aide [aux pays du Sud] doivent sortir du paradigme « j’ai le cash, je sais tout, ferme ta gueule. »» – Bugingo, porte-parole de la quatrième édition du Forum international

En quoi consistera l’atelier des idées qui peuvent changer le monde?
Il s’agira d’un atelier inspiré de l’émission Dans l’œil du dragon, où des étudiants et de jeunes coopérants pourront proposé leurs idées pour changer le monde. À mon avis, on devrait dire «les mondes», car la conclusion à laquelle j’arrive, c’est que chaque forme d’aide doit être personnalisée. Toujours en Côte d’Ivoire, j’ai rencontré trois jeunes filles âgées de 23 à 26 ans qui ont lancé il y a un an un site de commerce en ligne qui réalise aujourd’hui 200M€ [NDLR: 280M$CAN] de chiffre d’affaires. Pourtant, le pays a très mauvaise réputation à cause des nombreuses fraudes par internet dont il est l’origine. Ces jeunes femmes sont arrivées à trouver une formule de paiement à la livraison où chaque transaction est endossée par une banque. C’est ce genre d’idées locales inspirées de besoins spécifiques qu’on recherche, il faut arrêter penser à des solutions globales…

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