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«Le Obama des débuts de sa présidence»

Photo: The Associated Press

Quelques minutes après la fin du discours sur l’état de l’Union de Barack Obama, Métro s’est entretenu avec Julien Tourreille, directeur adjoint et chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM.

Barack Obama semblait dans une grande forme, mardi soir, malgré la raclée essuyée par les démocrates aux élections de mi-mandat.
C’est assez paradoxal, d’ailleurs, car plusieurs auraient pu croire que c’était un président qui venait de gagner ses élections qui s’adressait à eux mardi soir. On retrouve un peu le Barack Obama des débuts de sa présidence, déterminé, avec une vision assez claire de l’avenir. Certains démocrates pourraient regretter, aujourd’hui, qu’il n’ait pas prononcé un discours semblable l’année dernière alors qu’une élection s’en venait.

Que pensez-vous de l’insistance de M. Obama envers l’aide destinée à la classe moyenne?
Il profite de deux évolutions sur ce dossier-là: les bonnes performances de l’économie américaine en termes de croissance et de création d’emplois, ainsi que de la hausse de sa cote de popularité [NDLR: qui s’élevait à 46% en décembre]. Il voulait rappeler que ses politiques ont fonctionné et ont sorti les Américains d’une situation difficile. Il a aussi compris, je crois, le besoin qu’ont les Américains de sentir matériellement cette croissance, notamment en proposant une hausse des salaires.

Le président n’a mentionné qu’une seule fois Keystone XL. Comment interprétez-vous cette référence unique?
C’est difficile à interpréter. Alors qu’une majorité d’Américains sont en faveur de l’oléoduc, on a l’impression qu’[Obama] garde cet enjeu à la manière d’une carte dans son jeu pour négocier avec les républicains.

Est-ce que vous pensez que les deux dernières années de la présidence d’Obama seront celles de la coopération entre républicains et démocrates?
À voir les réactions des républicains pendant le discours – ils ont presque seulement applaudi lorsqu’Obama a annoncé qu’il ne pouvait pas se représenter! –, ce sont deux années mouvementées qui s’annoncent. Il a évoqué qu’il imposerait son veto à tout projet de loi visant à renverser ses réformes, à toutes nouvelles sanctions contre l’Iran, comme il l’a déjà fait dans le dossier Keystone XL.

En faisant cela, toutefois, M. Obama a motivé sa base et préparé la table pour les présidentielles de 2016. Il tente de poser les termes de la campagne pour 2016: s’il réussit cela, ce sera une grande victoire pour son parti.

L’agenda du président était très ambitieux. Pensez-vous qu’il pourra réaliser tous ses projets d’ici la fin de son mandat?
Son discours comportait effectivement beaucoup d’éléments, mais il n’y avait pas beaucoup de propositions concrètes. Les réformes sur l’immigration et la fiscalité sont des enjeux traditionnellement très polarisants aux États-Unis, et il y a peu de chances que ces mesures soient adoptées par un Congrès contrôlé par les républicains….

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