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Hillary Clinton ou le défi d’être ordinaire

Photo: Getty

«Les Américains ordinaires ont besoin d’un porte-voix. Et j’ai envie d’être ce porte-voix»: c’est par ces mots que l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2016. Métro s’est entretenu avec Julien Tourreille, directeur adjoint de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, pour analyser les obstacles qui se dressent entre Mme Clinton et le Bureau ovale.

Hillary Clinton jouit d’une popularité et d’un appui considérables au sein du parti démocrate. Peut-on d’ores et déjà affirmer qu’elle sera la candidate du parti en 2016?
Son avance est telle que les chances que d’autres candidats potentiels s’opposent à elle sont minces, surtout depuis qu’Elizabeth Warren, une candidate qui aurait fait figure d’égérie au sein de la branche les démocrates les plus progressistes s’est retirée de la course.

Quels défis la candidate Clinton devra-t-elle relever?
D’abord, le contexte, qui ne lui est pas favorable: il est très rare qu’un même parti demeure au pouvoir pendant trois mandats consécutifs. Le dernier à avoir réussi était George Bush père.

Ensuite, beaucoup d’Américains de la classe moyenne considèrent qu’elle n’est pas la mieux placée pour comprendre leurs problèmes. Elle doit casser son image d’aristocrate, montrer qu’elle est capable de rencontrer les gens et de distribuer les poignées de main. C’était sa principale difficulté en 2008: elle n’était pas à l’aise d’aller à la rencontre de l’électorat.

«C’est mon amie. Je pense qu’elle serait une excellente présidente.» – Barack Obama, président des États-Unis

La campagne de Mme Clinton s’annonce comme la plus coûteuse de l’histoire, alors que ses partisans espèrent recueillir pas moins de 2,5 G$US pour financer sa candidature. Qui, chez les républicains, peut espérer amasser une telle somme?
Celui qui peut sans doute le mieux concurrencer Mme Clinton sur ce point, c’est Jeb Bush, le frère de George W. Bush, en raison du réseau qui entoure sa famille présidentielle.

L’adage dit que le ou la candidate qui amasse le plus d’argent gagne souvent les élections. Mais, même si Mme Clinton jouit d’une avance remarquable sur tous les autres candidats républicains, d’autres facteurs jouent contre elle.

Elle ne rencontrera aucune opposition au cours de l’investiture démocrate, alors que la campagne républicaine s’annonce riche en débats, vu le nombre de candidats qui ont déjà annoncé leur intention de briguer la présidence. L’adversaire républicain qu’affrontera Hillary Clinton en 2016, si elle est choisie par les démocrates, sera rôdé alors qu’elle-même le sera vraisemblablement très peu.

«Le règne d’Hillary Clinton serait pareil au règne de Barack Obama.» – Ted Cruz, sénateur républicain du Texas

Hillary Clinton est dans le paysage politique américain depuis plus de 30 ans et elle sera âgée de 69 ans en 2016. Un de ces défis sera-t-il d’incarner l’avenir des États-Unis, et non son passé?
C’est effectivement tout le défi de sa prochaine campagne: parvenir à représenter le renouveau, même après les deux mandats démocrates de Barack Obama.

De plus, sa vie politique antérieure donne des munitions à ses adversaires, qui ne manqueront pas de ressortir l’attentat contre l’ambassade américaine de Benghazi, en Libye, ou encore l’utilisation de sa boîte de courriel personnelle dans ses fonctions de chef de la diplomatie américaine. Encore faut-il, toutefois, que ces attaques réussissent à disqualifier Mme Clinton auprès de l’électorat, alors que ce dernier peut très bien percevoir des attaques sur ces sujets comme de l’acharnement de la part du camp républicain.

«Les Clinton se pensent au-dessus de la loi.» – Rand Paul, sénateur républicain du Kentucky

«Hillary est la chef dont nous avons besoin.» – Barbara Boxer, sénatrice de la Californie

 

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