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Grèce: l'exclusion ne serait «pas envisagée»

Maxime Denis et Benoîte Labrosse - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Même si les Grecs ont rejeté le plan d’austérité proposé par leurs créanciers et leurs partenaires européens, dimanche, cela ne veut pas pour autant dire que leur pays sera éjecté de la zone euro, selon le titulaire de la Chaire de recherche Phrixos B. Papachristidis en études grecques modernes, Tassos Anastassiadis.

Lors d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne, M. Anastassiadis a indiqué que, selon lui, «personne (en Europe) ne veut envisager la sortie de la Grèce» à l’heure actuelle.

«Il y a une volonté de trouver une solution. Même le ministre des Finances allemand, qui avait incarné la solution dure au sein de l’Eurogroupe, a fait une déclaration samedi soir, avant le référendum, disant que le «Non» ne serait pas une catastrophe et ne signifierait pas nécessairement la sortie de la Grèce de la zone euro», a-t-il fait valoir.

Un raisonnement semblable s’est fait de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis.

«Les politiciens et les économistes américains, ce n’est pas l’amour de Platon et d’Aristote qui leur fait dire qu’ils ne veulent pas d’une sortie de la Grèce de la zone euro, illustre le professeur. C’est plutôt la crainte de l’instabilité que cela va provoquer, du risque d’éclatement de la zone et d’un effet boule-de-neige dans un contexte économique international assez dépressif.»

Et à quoi peut s’attendre la population hellénique au lendemain de ce scrutin historique? Ils ne croient sûrement pas à ce que leurs problèmes soient réglés rapidement, avance le professeur.

«Il faut d’abord (que la) Banque centrale européenne augmente son plafond de fourniture de liquidités pour que les banques grecques puissent rouvrir leurs portes mardi. Pour le reste, les Grecs ne s’attendent pas à ce que leurs problèmes soient résolus mardi; ils vivent l’austérité depuis cinq ans, donc ils savent qu’il y en aura encore», a-t-il remarqué.

«Mais ils s’attendent à ce qu’un accord permette de voir la lumière au bout du tunnel, c’est-à-dire un allégement de la dette et des politiques gouvernementales qui soient viables par la suite», a ajouté M. Anastassiadis

Quant à savoir si le geste audacieux de la Grèce inspirera d’autres pays européens en mauvaise posture économique, tels que l’Irlande et le Portugal, il est encore trop tôt pour le dire, selon lui. Toutefois, le dialogue est ouvert. «Des gens appellent déjà à faire un sommet sur les dettes de toute la zone euro», souligne Tassos Anastassiadis.

Selon l’expert, par ce vote, les Grecs ont aussi réitéré leur confiance envers le gouvernement récemment élu.

«Cela démontre une certaine logique, une certaine maturité de l’électorat grec, explique le professeur adjoint d’histoire à l’Université McGill. Depuis 2009, les électeurs grecs ont essayé un gouvernement socialiste, puis un gouvernement d’union nationale et un gouvernement de droite soutenu par les socialistes et les centre-gauche, sans que la politique économique et la situation socio-économique ne changent beaucoup. En janvier 2015, ils ont opté pour quelque chose d’assez inconnu en donnant le pouvoir à Syriza, le parti d’Alexis Tsipras.»

Le professeur Anastassiadis souligne qu’en adoptant la position référendaire promue par leur gouvernement, les Grecs ont choisi de «lui laisser la chance de mener son projet politique», basé sur la négociation avec les membres de la zone euro.

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