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Si la Grèce quittait l’euro…

Photo: Getty

Ruée vers les banques. Arrestations massives. Si la Grèce quittait l’euro, une éventualité de plus en plus plausible, cela engendrerait le chaos. Alors qu’aux États-Unis des voix s’élèvent contre la sortie de la Grèce de la zone euro, les Grecs, eux, se préparent à cette éventualité.

Avec le temps, l’économie du pays se stabiliserait, «mais nous ferions un bond en arrière de 20 ans», estime un jeune Grec. Être un jeune entrepreneur comme Fotis Talantzis n’est pas facile, en Grèce, par les temps qui courent. Et la situation est en voie d’empirer. Le 17 juin, de nouvelles élections se tiendront dans le pays, et le scénario de la sortie de l’euro s’affirme de plus en plus.

«Si le parti de gauche radical Syriza gagne, cela provoquera une ruée vers les banques, et la Grèce sera forcée de quitter l’euro sans préparation, explique Brian Lawson, économiste en chef d’Exclusive Analysis, une firme spécialisée dans la prévision des risques. Ou encore, le parti Nouvelle Démocratie pourrait l’emporter et maintenir les réformes fiscales et structurelles. Mais la Grèce se restructure depuis trois ans, sans grand succès. Le pays devra quitter la zone de toute façon, mais avec Nouvelle Démocratie, la sortie serait retardée de quelques années.»

Une victoire de Syriza semble toutefois plausible, et comme un gouvernement formé par ce parti ne consentirait pas à se plier aux conditions du plan de sauvetage, la Grèce ne pourrait obtenir un second plan. Cela étranglerait financièrement le gouvernement, qui n’arriverait plus à payer ses fonctionnaires. Le système bancaire serait gelé, en raison du manque de liquidités et de crédit. Mais selon le Groupe Citi, la Grèce devra quitter la zone euro d’ici la fin de l’année prochaine, quels que soient les résultats des prochaines élections.

Les bureaucrates européens et les gouvernements des pays de la zone se préparent déjà à une telle éventualité. «Ils pourraient imprimer des drachmes [ancienne monnaie grecque], préparer de la nourriture d’urgence et de l’aide énergétique en catimini, tout en examinant la pertinence de permettre à la Grèce de rester», fait observer M. Lawson.

Un gouvernement issu de Syriza pourra de toute façon réintroduire la drachme. «Il s’agirait d’une opération d’envergure, nécessitant un nombre impressionnant de presses, la mobilisation des services douaniers et de la police, croit Jan Randolph, directeur de Global Risk Analysis chez IHS Global Insight. Je ne suis pas certain que Syriza aurait la capacité de le faire.»

La situation ne devrait pas inquiéter que les banquiers et les politiciens. «L’inflation va atteindre des sommets, et la colère du public aussi», prédit Athanasios Papagelis, un jeune Athénien. Si la Grèce demeure dans la zone euro, une pression à la baisse s’exercera sur les salaires, qui pourraient fléchir de 30 % à 40 %, ce qui pourrait aussi mener à une guerre civile, prévient un sondage de l’Institut Ifo, en Allemagne.

Fotis Talantzis est très inquiet. «Au cours des 20 dernières années, nous avons fait beaucoup de progrès. Maintenant, nous faisons un bond en arrière de 20 ans. C’est le pire des scénarios.»

 

  • Prévenir plutôt que guérir

Autrefois taboue, la question de la sortie de la Grèce de l’euro est l’objet de spéculations de la part des dirigeants des banques et des politiciens. D’un côté, c’est une façon de se protéger des contrecoups possibles. De l’autre, en parler augmente la probabilité qu’un tel scénario se produise. Roland Freudenstein, directeur adjoint du Centre d’études européennes, à Bruxelles, répond aux questions de Métro.

Qui prend la crise en main en ce moment?
Dans les faits, la Commission européenne a cédé la place au Conseil européen, qui représente les gouvernements. Au sein du Conseil, le centre de gravité s’est déplacé. Autrefois polarisé sur le duo Merkel-Sarkozy, l’enjeu se résume maintenant à l’opposition Merkel-Hollande. Merkel est plutôt isolée, avec seulement quelques pays derrière elle, dont la Finlande et la Hollande. Mais d’un autre côté, rien ne peut se faire sans elle.

La Commission européen-ne vient de demander un accroissement de son budget. Est-ce que c’est raisonnable?
Du point de vue de Bruxelles, ça apparaît logique. La Commission se justifie en disant : «Comme les gouvernements nationaux coupent, mettons-nous ensemble pour en faire plus.» Mais les gouvernements européens à court d’argent ne l’entendent pas ainsi.

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