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Vénus devant le Soleil

Photo: Philippe Moussette

Voilà sans doute LE phénomène astronomique de 2012 : les astronomes comme le public pour­ront observer, le 5 juin, le passage de la planète Vénus devant le Soleil. Peu de gens ont eu le privilège de voir Vénus se déplacer lentement devant le Soleil. Le dernier passage a eu lieu le 8 juin 2004. Les deux précédents ont eu lieu le 9 décembre 1874 et le 6 décembre 1882. Le prochain sera le 11 dé­cembre 2117; c’est plus de 105 ans d’attente!

Un passage de Vénus devant le Soleil exige tout d’abord que les centres des trois objets concernés – la Terre, Vénus et le Soleil –, soient à peu près en ligne droite. On dit alors que la planète Vénus est en conjonction inférieure. Même si Vénus et la Terre prennent un temps différent pour faire une révo­­lution complète autour du Soleil, les deux planètes se retrou­vent alignées avec le Soleil tous les 584 jours environ. Comment expliquer alors qu’il ne se produit pas un passage de Vénus tous les 584 jours? La réponse est simple, mais exige d’examiner les orbites des planètes autour du Soleil en trois dimensions plutôt qu’en tant que disques plats à deux dimensions.

Le plan de l’orbite de Vénus ne coïncide pas exactement avec celui de la Terre; il se trouve en réalité incliné par rapport à celui-ci. Vénus, durant les conjonctions inférieures, passe donc très souvent au-dessus ou au-dessous du disque du Soleil. Ce n’est que lorsque la conjonction se produit à l’un des nœuds de son orbite qu’on assiste à un passage devant le Soleil. En fait, à deux points précis de son orbite, Vénus est en ligne droite avec la Terre d’un côté et le Soleil de l’autre. Pour nous sur Terre, cela se produira autour du 5 juin et du 9 décembre.

Pour qu’un passage de Vénus soit visible, il faut donc que la conjonction inférieure ait lieu à un des nœuds de l’orbite de la planète. Ces deux conditions diminuent considé­rablement la fréquence des passages. Le premier passage de Vénus prédit et observé par un astronome s’est déroulé le 4 décembre 1639 en Angleterre. Depuis, tous les passages ont été observés par les astronomes du monde entier. En fait, ces derniers n’ont jamais hésité à risquer leur vie pour observer ce phénomène. Il faut avouer que lors des passages de Vénus de 1761, 1769, 1874 et 1882, les moyens de transport n’étaient pas des plus sécuritaires.

En 2004, le passage de Vénus a soulevé beaucoup d’inté­rêt au sein du public. Des nuages en direction de l’horizon ont cependant quelque peu refroidi cet enthousiasme. Pour le passage du demain, on demeure optimiste et on souhaite que l’expérience soit couronnée de succès.

Expéditions scientifiques
La distance moyenne de la Terre au Soleil est une des grandeurs de référence fondamentales en astronomie. Connaître avec précision cette distance de référence, que les astronomes ont baptisée «unité astronomi-que», permet de mesurer les distances absolues des orbites planétaires. Jusqu’à l’invention des radars dans la seconde moitié du XXe siècle, une des techniques les plus prometteuses pour évaluer cette distance reposait sur l’observation d’un phénomène astronomique rare : le passage de Vénus devant le disque du Soleil.

Les astronomes n’ont donc pas hésité à devenir explorateurs et à parcourir le monde pour saisir la silhouette de Vénus devant le Soleil. Ainsi, qu’on parle des passages de 1761 et de 1769 ou de ceux de 1874 et de 1882, des expéditions scientifiques préparées par les grandes nations ont été envoyées aux quatre coins du monde, de l’Arctique à l’Antarctique, et sur tous les continents.

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