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Garry Beitel: «Pourquoi pas un ministère de la paix?»

Photo: collaboration spéciale

Devant le cynisme qui naît dans le sillage des nombreuses guerres qui ensanglantent le monde, Garry Beitel a voulu faire un film porteur d’espoir. Il a braqué sa caméra sur quatre Canadiens qui, patiemment, œuvrent à faire des ennemis d’aujourd’hui les frères de demain. Métro l’a rencontré.

Lorsqu’on vous a proposé de faire un film sur la paix, comment avez-vous décidé d’aborder ce vaste sujet?
J’ai découvert que des gens qui ne sont ni des militaires ni des fonctionnaires consacrent leur vie à bâtir la paix. Ils sont formés pour ça et ils en font leur métier. C’est une profession qui n’existait pas il y a 20 ans. Ce sont ces citoyens décisés à avoir un impact que j’ai voulu rencontrer.

Vous avez tourné À la poursuite de la paix dans des zones de conflit abonnées aux atrocités: le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo et le Kurdistan, notamment. Aviez-vous déjà été aussi près de la guerre auparavant?
Non. Mais je suis fils de réfugiés. Mes parents ont fui l’Holocauste; la guerre fait aussi partie de mon histoire.

Votre film parle aussi de la capacité qu’a l’être humain de tendre la main à son ennemi pour se réconcilier. Pourquoi le pardon est-il si important?
L’habitude de répondre à la violence qu’on subit en faisant à notre tour subir de la violence à quelqu’un est tellement enracinée qu’elle ne fait que perpétuer un cycle de vengeance qui ne s’arrête jamais. Mais comme êtres humains, nous sommes capables de prendre conscience du fait que la violence peut s’arrêter avec nous.

L’usage de la violence est-il parfois légitime, à votre avis?
J’imagine qu’il y a des cas où c’est justifié. Mais je ne suis pas sûr que nous comprenions bien l’impact de nos actes quand nous intervenons par la force. Nous avons bombardé l’Afghanistan, et les talibans semblent plus forts maintenant qu’en 2001; nous avons bombardé l’Irak, et ç’a été une catastrophe – plus de gens sont morts de notre intervention que des atrocités commises par État islamique!; nous avons bombardé la Libye, et c’est devenu un pays qui exporte l’extrémisme partout.

«On ne gagne plus la guerre. Tout se résout par le compromis, lorsque les ennemis s’aperçoivent qu’il est pire de perpétuer un conflit que de négocier.» – Garry Beitel, réalisateur d’À la poursuite de la paix

Est-ce que les négociateurs canadiens que vous avez suivis baissaient parfois les bras?
Non. Il faut voir la poursuite de la paix comme la lutte contre le cancer. Est-ce qu’on va y arriver? On ne sait pas. Mais doit-on arrêter d’essayer pour autant?

Il y a une idée qui est de plus en plus discutée dans le monde aujourd’hui, et c’est la création de ministères de la Paix, dont le budget serait consacré à la promotion de la médiation dans le monde. Le Canada, de par le rôle de conciliateur qu’il a joué dans le passé, pourrait être un pionnier dans cette voie.

À la poursuite de la paix
Présenté les 14 et 21 novembre au cinéma Excentris
Dans le cadre des RIDM

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