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Kurdistan: «La guerre contre EI nous a coûté cher en argent et en hommes»

Falah Mustafa Bakir ministre affaires étrangères Kurdistan Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Kurdistan et son armée de peshmergas luttant au corps à corps contre État islamique (EI) constituent des piliers de stabilité dans un Moyen-Orient qui s’embrase, et le Canada aurait tout intérêt à lui fournir armes et soldats, a affirmé mardi à Montréal Falah Mustafa Bakir, ministre des Affaires étrangères de la région autonome d’Irak

«Nous n’avons jamais demandé [à la coalition dirigée par les États-Unis] l’envoi de troupes au sol, a rappelé M. Bakir devant un parterre de gens d’affaires réuni par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Mais nous demandons que le Canada se lève pour défendre nos valeurs communes en nous envoyant des armes, des munitions et du personnel d’entraînement militaire.»

Niché au nord de l’Irak, le territoire autonome du Kurdistan est en première ligne dans la guerre qui oppose le fantomatique califat d’État islamique et une large partie du monde occidental et arabe. Véritables fers de lance de la coalition dans le nord de l’Irak, les peshmergas du Kurdistan ont récemment repris la ville de Sinjar à EI, aidés par les bombardements de l’alliance.

«Nous respectons la décision de votre nouveau gouvernement de retirer ses avions de la coalition, a repris M. Bakir. Nous voulons que le Canada soit notre partenaire, et pas seulement en ce qui a trait à la guerre contre EI. Mais les bombardements sont efficaces. Sans eux, la reprise de Sinjar aurait été impossible.»

«Si nous sommes Irakiens à part entière, nous devrions recevoir notre part du budget.» -Falah Mustafa Bakir, ministre des Affaires étrangères du Kurdistan, dénonçant l’attitude de Bagdad, qui a tari la péréquation qui était dévolue à la région autonome kurde au cours de l’année 2014

 

Les peshmergas – dont le nom, en kurde, signifie «ceux qui bravent la mort» – ont déjà payé un lourd tribut à la lutte menée contre la nébuleuse intégriste. Quelque 1 350 d’entre eux ont péri jusqu’ici, sans compter les 7 500 blessés sur le champ de bataille. «La guerre contre EI nous a coûté cher, en argent comme en hommes, a indiqué le ministre Bakir, ajoutant que le Kurdistan, dont la population est semblable à celle du Québec, a déjà accueilli 2 millions de réfugiés.

Refugees Fleeing ISIS Offensive Pour Into Kurdistan

Bien que le tiers de l’Irak ait été conquis par EI, les armées irakienne et kurde ne coopèrent pas entre elles pour vaincre le groupe, affirme M. Bakir. «Nous n’échangeons aucun renseignement», précise-t-il.

Les relations entre Bagdad et Erbil, la capitale du Kurdistan, demeurent tendues. Après avoir fait face à l’extermination dans les années 1980 sous le régime de Saddam Hussein, les Kurdes d’Irak ont obtenu un territoire autonome. Mais le régime fédéral est loin de tenir ses promesses envers eux, selon M. Bakir.

«Notre priorité, pour l’instant, c’est de lutter contre EI. Mais si, après, Bagdad refuse de s’asseoir avec nous pour négocier un nouveau partage de pouvoirs, ce sera au peuple du Kurdistan de décider de son avenir.»

«Ankara est un allié»
La Turquie est un allié fiable dans la lutte contre État islamique, selon le ministre des Affaires étrangères du Kurdistan, Falah Mustafa Bakir, qui espère que l’incident entre Moscou et Ankara, survenu hier, ne brisera pas leur relation.
«La région est en flamme, et le peuple souffre, a rappelé M. Bakir. Tous doivent s’unir contre EI, parce que personne n’a intérêt à voir ce groupe exister.»
Ankara, qui bombarde le Parti des travailleurs kurdes (PKK) – une guérilla qui réclame la constitution d’un Kurdistan en sol turc – en Irak depuis l’été, est aussi le principal partenaire d’affaires du Kurdistan irakien. C’est par le territoire turc que le pétrole du Kurdistan irakien, principale source de revenus de la région, transite.

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