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Qui veut quoi à Paris?

Photo: Getty

La planète entière affluera à Paris pour COP21. L’Union européenne et 195 pays y seront représentés: jamais la France n’a accueilli plus importante rencontre diplomatique depuis la signature de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en 1948. Pas simple de s’y retrouver dans un tel rassemblement de famille! Les différentes parties qui prendront part aux négociations défendront chacune ses intérêts. En voici le portrait.

Les riches
Si tous les pays riches s’accordent sur l’urgence d’affronter le défi des changements climatiques, deux blocs distincts s’opposent quant à la manière d’y parvenir.

L’Europe, d’abord, est la véritable locomotive du monde en ce qui a trait au climat, affirme Hugo Séguin, membre du Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM). «Elle milite pour que des mécanismes de contrainte soient imposés aux pays pour les obliger à réduire leurs émissions.»

En contrepartie, les autres pays riches de la planète, soit le Canada, l’Australie, les États-Unis, le Japon et la Nouvelle-Zélande, ne veulent pas entendre parler de mesures contraignantes. «Ils veulent que les efforts pour la réduction des gaz à effet de serre soient consentis de manière volontaire», rappelle M. Hugo Séguin.

Les pauvres
Comme dans les pays riches, des divisions existent au sein du bloc des pays pauvres en fonction du degré de développement de chacun.

Le groupe appelé BASIC regroupe le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine, autant de pays en voie de développement qui sont tout de même d’importants acteurs sur la scène mondiale. Eux acceptent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais demandent en contrepartie l’aide financière des pays riches pour opérer leur transition vers l’énergie verte.

D’un autre côté, il y a des pays qui, comme Haïti, ne contribuent pas au réchauffement climatique, mais en subissent les contrecoups les plus sévères.

«Eux réclament qu’un fonds d’urgence soit mis en place pour les dédommager lorsqu’un cataclysme naturel causé par le réchauffement les frappe», explique Hugo Séguin.

Les insulaires
Si les microÉtats insulaires ne pèsent pas lourd sur la scène internationale, ils possèdent néanmoins un poids moral important dans les sommets sur le climat, selon Hugo Séguin.

«L’existence même de ces pays est menacée par le réchauffement. Ils sont comme les canaris dans la mine: ils préfigurent le danger qui nous menace.»

«Il y aura un accord à Paris. Il ne sera pas parfait, mais il encadrera les futurs efforts de réduction des GES.» – Hugo Séguin, membre du CÉRIUM

Les producteurs de pétrole
Les pays dont la fortune dépend de la production de pétrole clament que la transition vers des énergies vertes affectera négativement leur principale industrie, indique Hugo Séguin, du Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM).

«Ils plaident pour que des mesures financières soient engagées pour les dédommager.»

L’histoire du climat s’est écrite à Montréal

C’est dans notre métropole que le premier protocole environnemental – adopté universellement par tous les pays du monde en 2009 – a vu le jour en 1987.

Le protocole de Montréal – de son vrai nom le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone – prévoyait l’interdiction des chlorofluorocarbones, ou CFC, une substance très dommageable pour la couche d’ozone qu’on retrouvait abondamment dans les années 1980, notamment dans les bombes aérosol et les climatiseurs.

André Bélisle, aujourd’hui président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), a commencé à militer contre les pluies acides et pour la protection de la couche d’ozone dès 1982. Selon lui, le travail d’éducation populaire qu’effectuait son organisme à l’époque a contribué au succès du protocole de Montréal.

«C’est au Québec que la bataille des pluies acides a été gagnée», explique-t-il, ajoutant que la mobilisation citoyenne autour de cet enjeu a poussé le gouvernement canadien de l’époque à jouer un rôle de leader au sommet de Montréal, en 1987.

Les conditions sont-elles réunies aujourd’hui pour que la conférence de Paris connaisse le même succès que celle de Montréal il y a 28 ans? «La prise de conscience des gens relativement au réchauffement climatique est similaire, explique M. Bélisle. Mais les campagnes de désinformation mises en place par les compagnies pétrolières ressemblent aussi à celles qui étaient organisées à l’époque par l’industrie des CFC.»

Universel
La Communauté économique européenne et 24 pays ont signé le protocole de Montréal en 1987.

C’est en 2009 que le protocole passa à l’histoire. Cette année-là, les 196 pays composant la communauté internationale de l’époque l’ont signé, faisant de ce protocole le premier à être universellement adopté.

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