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Burkina Faso: Le Canada finance l'humour électoral

OUAGADOUGO, Burkina Faso – Le Canada a opté pour une manière originale de contribuer à la bonne marche des élections présidentielle et législatives de dimanche au Burkina Faso: financer un spectacle d’humour.

La soirée «Votez pour moi!» qui s’est tenue jeudi soir dans la capitale, Ouagadougou, était une véritable parodie d’élection. Les quelque 600 spectateurs ont été invités à élire le président de l’imaginaire République des Ouistiti à la suite des prestations de six candidats, tous des humoristes de la relève burkinabè. Leur mandat? «Être le meilleur vendeur d’illusions possible.»

Une Commission humoristique électorale nationale indépendante s’est assurée de la bonne marche du scrutin, qui s’est déroulé avec des bulletins de vote en tous points semblables à ceux que recevront les électeurs dimanche.

«Nous utilisons l’humour pour sensibiliser à la corruption électorale et à l’achat des votes, qui sont de gros problèmes qui font que notre système démocratique n’arrive pas à s’installer», a résumé l’un des co-organisateurs de l’évènement, Abdoulaye Diallo.

Le concept a séduit l’ambassade du Canada au Burkina Faso, qui a financé une grande partie du projet par l’entremise du Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL). L’objectif est «d’apporter sa contribution pour une sortie de transition démocratique réussie dans la transparence et la paix», a précisé l’agente politique Placide Compaoré à La Presse Canadienne par courriel.

Le Burkina Faso est dirigé par un Conseil national de transition depuis la démission de l’ex-président Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. Celui qui a régné sur ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest durant 27 ans a quitté le pouvoir à la suite d’une insurrection populaire.

L’enveloppe nationale de 90 000 $ du FCIL pour 2015-2016 — un fonds qui «appuie des projets dont l’envergure, la portée et le coût sont relativement modestes et qui sont habituellement conçus et élaborés par les administrations et organisations locales» — est divisée à parts égales entre quatre projets destinés à soutenir le processus électoral.

Le FCIL a ainsi fourni 22 500 des 30 000 $ canadiens nécessaires à la réalisation de «Votez pour moi!». «Il n’est pas donné à tout le monde de regarder dans le sens artistique, fait remarquer le co-organisateur Salif Sanfo. Beaucoup se demandent comment nous pouvons essayer d’atteindre des objectifs aussi nobles par l’humour. Heureusement qu’il y a des gens comme les Canadiens pour le voir.»

Plus traditionnels, les trois autres projets qui ont reçu un appui du Canada concernent «le renforcement des capacités des femmes candidates aux élections en leadership, médiation et dialogue, la traduction du code électoral burkinabè en trois langues locales et la formation des délégués des partis politiques au sein des bureaux de vote pour les élections.», a énuméré Placide Compaoré.

Jeudi, c’est l’humoriste Philo — la seule femme en lice — qui a remporté le vote avec 38 pour cent des suffrages exprimés, sous les applaudissements de la foule et les félicitations de ses adversaires. Comme elle n’a pas atteint la majorité absolue, un deuxième tour devra être organisé.

Justement, une seconde représentation de «Votez pour moi!» est prévue samedi soir à Bobo-Dioulasso, deuxième plus grande ville du Burkina Faso.

D’ici là, une captation vidéo du spectacle de Ouagadougou a été proposée aux chaines de télévision du pays et sera diffusée en ligne. «Nous souhaitons partager le maximum de bonne humeur possible pour désarmer les crises avant les élections», a noté Salif Sanfo jeudi soir.

«Nous souhaitons que les élections du 29 novembre se passent comme celles que vous avez vécu ce soir: dans la bonne humeur, dans l’apaisement et dans le plaisir partagé, a-t-il conclu. Et nous souhaitons que le président soit plébiscité comme la présidente d’aujourd’hui. Que l’on se dise que c’est le Burkina qui gagne, quel que soit le résultat.»

Plus de 5,5 millions de Burkinabè sont éligibles au scrutin de dimanche, destiné à élire un président et 127 députés de l’Assemblée nationale. Ces élections étaient prévues le 11 octobre, mais la tentative de coup d’État d’une unité militaire d’élite à la mi-septembre en a forcé le report.

Si aucun des 14 candidats présidentiels ne remporte la majorité absolue des suffrages dimanche, un deuxième tour aura lieu quelques semaines plus tard entre les deux qui auront terminé en tête. Selon les derniers sondages, il s’agirait de Roch Marc Christian Kaboré, du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), et de Zéphyrin Diabré, de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC).

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