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David Suzuki: «Certaines choses sont plus fondamentales que le profit»

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le monde moderne a placé les lois économiques au-dessus des lois de la nature, a dénoncé lundi soir le généticien et militant écologiste David Suzuki, pour qui cette obsession de l’argent met maintenant l’espèce humaine face à sa propre extinction.

«Certaines choses sont plus fondamentales que le profit, a raconté M. Suzuki à un parterre de gens d’affaires plus habitués à venir écouter les grands décideurs de la planète que les militants qui tentent de la sauver. Notre nature biologique nous impose des besoins essentiels : ce n’est ni un emploi, ni de l’argent. C’est de l’air pur à respirer, de l’eau claire à boire et de la nourriture saine à manger.»

Le message du militant, prononcé le jour où quelque 151 chefs d’État et de gouvernement se réunissaient à Paris pour s’engager à freiner le réchauffement de la planète, a valu une ovation debout à l’invité. Un signe que la survie de la planète et de la vie qu’elle héberge a définitivement conquis les consciences, selon M. Suzuki.

Le militant écologiste David Suzuki, âgé de 79 ans, s’est dit optimiste quant à la COP21 qui débute tout juste à Paris. «Que la Chine et les États-Unis, les deux plus grands pollueurs du monde, s’assoient
à la même table pour s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, c’est déjà un exploit», a-t-il dit.

«À l’époque où j’ai commencé à militer, aucun gouvernement n’avait de ministère de l’Environnement et le découvreur du DTT, un puissant insecticide aujourd’hui interdit dans plusieurs pays, recevait le prix Nobel, a-t-il rappelé. J’avais tendance à dire que le réchauffement climatique était une “catastrophe au ralenti”. Maintenant, l’impact des changements climatiques est ressenti par tous, et tous s’entendent pour dire qu’il faut dévier du chemin suicidaire sur lequel nous sommes engagés.»

«Dans les grandes villes, les gens n’ont plus de contact avec la nature. Or, il faut côtoyer quelque chose pour l’aimer, et l’aimer pour la protéger.» -David Suzuki, militant écologiste

M. Suzuki a également fustigé le capitalisme, une création humaine qui est trop souvent, selon lui, donnée comme une partie intégrante de la nature.

«Les légendes disent qu’on donnait de l’or et des joyaux pour apaiser les dragons autrefois. Est-ce qu’on ne fait pas la même chose avec le marché aujourd’hui? a-t-il demandé à l’audience. Il faut arrêter de croire qu’une croissance infinie est possible. Notre planète n’est pas infinie. Peut-être est-il déjà trop tard pour la sauver. Mais essayons quand même!»

Montréal à l’avant-garde
«Nous demandons une réforme constitutionnelle pour que le droit de tous les Canadiens à vivre dans un environnement sain soit garanti», a dit hier David Suzuki.

La fondation qui porte son nom a lancé la campagne Bleu Terre, qui vise à convaincre les élus du pays à adhérer à une déclaration soulignant l’obligation d’offrir de l’air pur et de l’eau saine à l’ensemble des Canadiens. «Montréal est la plus grande ville du pays à avoir signé la déclaration», s’est félicité M. Suzuki, ajoutant que 99 communautés, ainsi que le gouvernement du Manitoba, avaient aussi adhéré à ses principes.

Dès que six autres provinces imiteront le Manitoba, la fondation entend soumettre la proposition au palier fédéral pour qu’elle soit ajoutée à la Constitution. «Nous faisons bouger les choses par nous-mêmes, a indiqué M. Suzuki, ajoutant que la proposition avait de «bonnes chances», selon lui, d’être adoptée à Ottawa.

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