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Le phénomène Trump brouille les cartes

WASHINGTON – L’année a été riche en rebondissements politiques aux États-Unis grâce à l’arrivée de l’homme d’affaires Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine, une candidature qui chamboule le portrait.

Demandez à Eric Butler, un démocrate afro-américain, pourquoi, après avoir voté deux fois pour Barack Obama, il donnera son vote à un extravagant milliardaire louangé par des sites nationalistes blancs pour s’être prononcé contre les gouvernements étrangers, l’immigration mexicaine et les musulmans.

M. Butler a quatre raisons. Premièrement, Donald Trump est solide. Il ne présente pas d’excuses pour avoir semé la controverse. Ensuite, il est spontané, il dit tout ce qui lui passe par l’esprit plutôt que de lire des discours ennuyants qui défilent sur un télésouffleur. Troisièmement, on le perçoit comme incorruptible: il a l’indépendance financière nécessaire pour ne pas être acheté par les lobbys des grandes entreprises. Et finalement, il veut s’attaquer à l’immigration illégale.

Eric Butler est un travailleur de la construction. Selon lui, les immigrants illégaux nuisent au marché du travail et à ses conditions salariales. Il a commencé à travailler comme chauffeur de taxi Uber à Washington pour arrondir ses fins de mois.

La classe moyenne compose un électorat sensible. Ajoutez-y des changements démographiques rapides, le premier président noir du pays, et on obtient la recette explosive pour qu’une vedette de la téléréalité présente sa candidature avec le slogan électoral nostalgique «Make America Great Again» (Refaire des États-Unis un grand pays) sur «We’re Not Gonna Take It», chanson-thème rassembleuse de sa campagne.

Cette énergie se répercute partout sur le spectre politique.

Un sondage de Pew Research démontre que 85 pour cent des Américains, un niveau historique, sont frustrés par le gouvernement. Ce sentiment est particulièrement présent chez les républicains, qui aiment les candidatures de Donald Trump, des sénateurs Ted Cruz et Marco Rubio et du neurochirurgien à la retraite Ben Carson.

Mais, outre les citoyens fâchés, qui sont les partisans de Donald Trump? Selon un sondage de CNN effectué ce mois-ci, ils gagnent en général moins de 50 000 $ US par année, sont plus souvent des hommes que des femmes, et s’identifient comme modérés, plutôt qu’ultraconservateurs.

Un groupe démographique est particulièrement représenté: ceux qui n’ont pas de diplôme collégial. Donald Trump est en tête des intentions de vote, à 34 pour cent, dans ce groupe. Il tombe en quatrième place auprès des détenteurs de diplômes d’études supérieures.

Le phénomène anti-establishment et anti-centriste existe aussi — à moindre intensité — chez les démocrates.

Celle qui était la favorite aux primaires, Hillary Clinton, fait face à une opposition étonnamment forte du sénateur de gauche Bernie Sanders. Elle a même adopté ses positions contre l’oléoduc Keystone XL et le Partenariat transpacifique (PTP).

Malgré quelques scandales qui la suivent — l’utilisation de son compte de courriel personnel lorsqu’elle était secrétaire d’État, les liens de sa famille avec le milieu des affaires et une enquête en cours sur l’attaque de Benghazi en 2012 —, elle survit. Bien qu’elle pourrait perdre le New Hampshire, elle est bien en avance en Iowa et dépasse Bernie Sanders de près de 50 points en Caroline du Sud.

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