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Michel Martelly quitte le pouvoir en Haïti

En mai 2011, Michel Martelly a pris le pouvoir en Haïti en promettant de reconstruire le pays après une élection déchirante qui avait attisé le cynisme des citoyens. Il doit maintenant quitter le pouvoir, dimanche, après un mandat de cinq ans et sa courte liste de réalisations risque d’être assombrie par une autre crise politique.

Il y a cinq ans, à sa cérémonie d’assermentation, le chanteur devenu politicien avait encouragé les Haïtiens à mettre de côté leurs différences. Or, ses propres relations orageuses avec le Parlement ont mené à une impasse politique.

Plusieurs Haïtiens croient que M. Martelly a gâché une occasion en or d’améliorer les conditions du pays pauvre alors que l’aide internationale affluait aux lendemains du tremblement de terre dévastateur de 2010 qui avait ravagé la capitale et ses environs. La catastrophe avait tué environ 300 000 personnes.

« Il a dit qu’il aiderait la population et j’espérais que c’était vrai. Mais nous avons encore des difficultés, comme toujours », a témoigné Nadine Suzie, une vendeuse de rue.

Haïti est depuis longtemps l’un des pays les plus pauvres et les plus inégalitaires dans le monde.

Certaines personnes qui ont travaillé de près avec le président sortant décrivent M. Martelly comme un homme charismatique, mais doté d’un leadership défaillant, qui aurait sapé sa présidence en s’entourant de ses anciens camarades du milieu de la musique.

« Ça me fait mal de dire ça parce que je l’aime toujours en tant que personne, mais les années Martelly, c’était un gros zéro. Il y avait des gens autour de lui qui étaient très corrompus et l’argent a fini par disparaître », a soutenu Georges Sassine, un homme influent qui avait été nommé pour surveiller les parcs industriels du pays avant de se faire brutalement congédier, en 2013.

L’ancien premier ministre de M. Martelly, Laurent Lamothe, qui avait été forcé de remettre sa démission en 2014 après deux ans et demi au pouvoir, se distancie du président. Haïti a réussi à faire des gains importants lorsque leur partenariat fonctionnait, selon lui, mais les conflits des dernières années ont tout fait dérouter.

M. Lamothe a dit à l’Associated Press que les batailles incessantes entre le président et le Parlement « ont ramené Haïti dans ses vieux jours d’impasse et de politiques égoïstes qui ont détruit l’économie et tout progrès accompli ».

Le dysfonctionnement des institutions politiques s’est aggravé l’année dernière lorsque le mandat de tous les représentants de la chambre basse et du tiers des sénateurs est venu à échéance. En l’absence d’élections, M. Martelly a dû gouverner par décret.

Michel Martelly a été porté au pouvoir dans la controverse, alors que des allégations de fraude électorale planaient. C’est finalement les pressions de la communauté internationale qui lui ont assuré une participation au deuxième tour de scrutin.

M. Martelly, qui a refusé d’accorder une entrevue pour cet article, a encore toujours plusieurs admirateurs au pays.

« C’est le premier gouvernement que j’ai vu dans ma vie qui a travaillé pour construire des infrastructures de base. Ça vaut quelque chose, non? », a affirmé Pierre Richardson Olson, un étudiant âgé de 25 ans.

Les Haïtiens ne s’entendent pas sur l’héritage que laissera Michel Martelly. Ses plus ardents admirateurs disent qu’il aura été le meilleur président, alors que ses détracteurs le traitent de dictateur qui s’est enrichi illégalement.

Kenneth Merten, coordonnateur spécial du département d’État pour Haïti, a indiqué qu’il était facile de perdre de vue les réalisations de M. Martelly alors que le pays est actuellement dans le chaos.

« Nous aurions espéré de voir plus d’accomplissements, mais je crois qu’il est important pour les gens qui ne connaissent pas vraiment Haïti de comprendre qu’il y a eu des progrès », a-t-il souligné.

Haïti a construit des routes pavées, plus d’enfants vont à l’école, et la pauvreté extrême est moins répandue. Selon la Banque mondiale, l’économie haïtienne a enregistré ses meilleurs résultats depuis des dizaines d’années.

Mais ces progrès, aidés par l’aide internationale, sont fragiles. Les problèmes chroniques du pays, dont la pauvreté, le manque de débouchés pour la population et l’exclusion sont toujours présents.

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