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L’Europe doit-elle fermer sa porte aux réfugiés?

Photo: Chris McGrath/Getty

Au moins 35 réfugiés sont morts noyés lundi lorsque leur embarcation a fait naufrage au large des côtes turques, près de l’île grecque de Lesbos. Cinq de ces victimes seraient des enfants. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rapporté qu’environ 69 000 réfugiés ont réussi à atteindre la Grèce depuis le début de l’année; toutefois, quelque 374 personnes ont été emportées par les eaux méditerranéennes durant cette même période. La Turquie a désormais fermé sa frontière devant 35 000 réfugiés fuyant les bombardements qui s’abattent sur Alep, en Syrie. Aspasia Papadopoulou, haute-responsable du Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (ECRE), a offert à Métro ses pistes de solution devant cette crise qui apparaît sans fin.

Au moins 374 personnes sont mortes en tentant de traverser la mer pour rejoindre l’Europe depuis le début de l’année, selon l’OIM. Est-ce que ce nombre est élevé, selon vous?

Ce chiffre est très élevé, considérant qu’à la même date, l’année dernière, ce nombre s’élevait à 82, et à seulement 12 en 2014. Il est frappant de constater que les gens continuent de tenter la traverser, malgré la mer démontée et les températures hivernales. Ça reflète la détérioration de la guerre en Syrie, et nous pouvons seulement présager que ce nombre continue d’augmenter au fil de l’année.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a élaboré un plan et proposé des sommes considérables pour contenir les réfugiés à l’intérieur des frontières turques. Cet objectif est-il réalisable?

Aussi longtemps que la guerre en Syrie durera, de plus en plus de gens tenteront de trouver un refuge en sureté. La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés à l’heure actuelle. Mais donner de l’argent à Ankara n’empêchera pas nécessairement les gens d’atteindre l’Europe. Nous avons une responsabilité partagée pour protéger – avec les pays du Moyen-Orient –, ces réfugiés et nous pouvons leur offrir des voies de passage sécuritaires et légales jusqu’à notre continent. Ces efforts ne devraient cependant pas être conditionnels à une diminution du nombre de réfugiés admis. Nous avons également la responsabilité de protéger tous ceux qui atteignent notre territoire. Les gens ont le droit d’asile en Europe, et ils devraient avoir accès à la procédure de demande d’asile.

«À moins de proposer rapidement aux réfugiés des moyens sûrs et légaux d’atteindre l’Europe, encore plus d’hommes, de femmes et d’enfants vont mourir en mer.» -Aspasia Papadopoulou, haute-responsable du Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (ECRE)

La Turquie a fermé sa frontière devant plus de 35 000 réfugiés réunis au poste-frontière de Kilis, situé au sud de la Turquie. Pourquoi une telle fermeture?

L’Union européenne (UE) donne un message ambigu à ce propos. D’un côté, elle demande à la Turquie d’ouvrir ses frontières et d’offrir de la protection aux Syriens parce qu’elle en a «l’obligation morale et légale», selon Federica Mogherini [NDLR : la Haute-représentante de l’UE en matière d’Affaires étrangères et de politiques sécuritaires]. De l’autre, ils demandent à la Turquie de garder à l’intérieur de ses frontières et de ne pas les laisser rejoindre le territoire européen. C’est difficile d’imaginer comment un pays comme la Turquie, qui accueille déjà des millions de réfugiés, pourrait accepter de jouer un tel rôle. Et tous les pays ont la même responsabilité morale et légale d’offrir protection aux réfugiés. Ça concerne aussi bien la Turquie que l’Union européenne.

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