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Transgenres: Yollada est une (belle) femme

Yollada Krerkkong

Quand Yollada Krerkkong Suanyot affirme être née dans le mauvais corps, il est facile de la croire. Garçon dans une autre vie, elle est au­jour­d’hui «belle» et bien femme. Elle est délicate, coquette, et sa pomme d’Adam est invisible: rien ne peut trahir son passé.

«Quand j’étais plus jeune, les membres de ma famille essayaient de me forcer à agir comme un garçon, mais j’étais si obstinée qu’ils ont fini par se résigner», dit-elle. Pendant des années, Yollada s’est battue pour avoir le corps d’une femme. Physiquement, elle n’a aujour­d’hui plus rien d’un homme, mais aux yeux de la loi, elle reste de sexe masculin.

Si un jour elle est incarcérée, elle ira dans une prison pour hommes. Si elle souhaite voyager, son passeport mentionne qu’elle est de sexe masculin. Elle ne peut pas non plus se marier puisque les mariages homosexuels sont interdits. «Mais je ne suis pas homosexuelle, insiste la jeune femme de 28 ans. Les transgenres n’ont pas les mêmes problèmes que les homos. Eux se battent pour avoir le droit de se marier. Je suis d’accord avec leurs revendications, mais ce ne sont pas les miennes. Ce que je veux pour moi, c’est être reconnue en tant que femme si je me marie.»

Yollada a fondé «Transfemale of Thailand» pour mener à terme ce combat. Le groupe a déjà obtenu le droit pour les transsexuel­les de porter le titre de «madame» sur leur carte d’identité. Mais Yollada tient à être une femme aux yeux de la loi. «En changeant les lois, on pourra changer les opinions», croit cette femme qui est à la tête d’une entreprise de bijoux.

Car si la Thaïlande se dit tolérante envers le troisième sexe, les transexuels y sont encore des marginaux. «On reste des êtres bizarres aux yeux des gens», croit-elle. Si la Thaïlande nous acceptait, elle nous aiderait.» Certains Thaïs s’opposent toutefois à ce que la loi efface toute trace du passé des transsexuels. Ils craignent de se marier avec une femme sans pouvoir savoir si elle était un homme auparavant.

«J’ai été blessée par la réaction des gens», se rappelle Yollada. On m’a déjà dit que les gens du troisième sexe avaient assez de droits.» Mais Yollada ne veut pas être considérée comme une personne du troisième sexe ou un homosexuel. Juste comme une femme.

Lire aussi: Homosexualité en Thaïlande: un combat à demi-mot

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