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Syrie: le ton monte entre la Turquie et les Nations unies

Turkish President Recep Tayyip Erdogan addresses a meeting of local administrators at his palace in Ankara, Turkey, Wedesday, Feb. 10, 2016. Erdogan has ratcheted up his criticism of the United States for not recognizing Syrian Kurdish forces as "terrorists," saying Washington's lack of knowledge of the groups operating in the region had led to bloodshed. Turkey considers the Kurdish Democratic Union Party, or PYD, which are affiliated with Turkey's own Kurdish rebels as a terrorist group.(Yasin Bulbul/Presidential Press Service, Pool via AP) Photo: The Associated Press

BEYROUTH — Le ton monte entre la Turquie et les Nations unies, concernant le conflit en Syrie.

Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a vertement critiqué mercredi l’ONU, qui réclame que son pays accueille maintenant des dizaines de milliers de réfugiés syriens de plus.

M. Davutoglu a accusé le Conseil de sécurité des Nations unies “d’hypocrisie” pour formuler une telle demande, sans toutefois “lever un seul doigt pour régler la crise syrienne” ou même faire cesser les frappes aériennes russes qui ont poussé des dizaines de milliers de personnes vers la frontière entre les deux pays.

La Turquie a accueilli trois millions de réfugiés — dont plus de 2,6 millions de Syriens — ce qui en fait le pays ayant la plus importante population de réfugiés. Ankara refuse toutefois de laisser entrer les nouveaux réfugiés, et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) lui a demandé mardi d’accepter tous ceux qui “fuient le danger et recherchent la protection internationale”.

M. Davutoglu a ensuite ajouté que les opérations militaires russes et syriennes visent à chasser les opposants au régime de Bachar el-Assad. En accueillant les réfugiés qui fuient les bombardements à Alep, a-t-il dit, la Turquie contribuerait indirectement au “nettoyage ethnique” de la plus grande ville du pays.

“Avec chaque réfugié que nous acceptons, d’une certaine manière, nous contribuerions à cet objectif de nettoyage ethnique, a-t-il dit. S’il s’agit d’une stratégie pour modifier la démographie en Syrie, alors nous devons faire preuve de vigilance à cet égard.”

M. Davutoglu a répété que la Turquie prévoit venir en aide aux réfugiés, mais en sol syrien.

Pour sa part, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé l’ONU d’inefficacité dans ce dossier et lui a reproché de n’accepter aucune part du fardeau de réfugiés, contrairement à la Turquie.

M. Erdogan affirme que l’aide offerte à la Turquie par l’ONU est tout simplement insuffisante. Il dit que l’ONU a donné 455 millions $ US à la Turquie pour venir en aide aux réfugiés, comparativement aux 10 milliards $ US que la Turquie a dépensé à cette fin depuis 2011.

“Que dit l’ONU? ’Ouvrez vos frontières aux réfugiés’. Que représentez-vous à ce moment? À quoi servez-vous?, a-t-il lancé. Nous avons déjà accueilli trois millions de Syriens et d’Irakiens chez nous. Combien en avez-vous accueillis?”

L’Observatoire syrien des droits de la personne, à Londres, dit que plus de 500 personnes ont été tuées depuis le début de l’offensive à Alep le 1er février, dont plus d’une centaine de civils. Au moins 105 membres du Front Nousra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, ont également perdu la vie.

Médecins sans frontières a prévenu que les combats dans la région d’Alep ont poussé “un système de santé déjà dévasté” au bord de l’effondrement dans le district d’Azaz, à environ dix kilomètres de la frontière avec la Turquie.

MSF dit que plusieurs hôpitaux et d’autres installations sanitaires d’Azaz et de la région d’Alep ont été touchés par des frappes aériennes depuis deux semaines, dont au moins trois hôpitaux appuyés par MSF. MSF a dit que les attaques “contre les quelque installations médicales restantes doivent cesser immédiatement. Les combats et les campagnes de bombardement doivent cesser dans les zones densément peuplées, au moins jusqu’à ce que les civils aient pu fuir vers des régions sécuritaires où ils auront accès à des services essentiels”.

Par ailleurs, des combattants kurdes appuyés par l’aviation russe ont lancé mercredi une offensive pour tenter de s’emparer d’une base aérienne contrôlée par des rebelles syriens dans le nord du pays.

L’Observatoire explique que les combattants du groupe YPG essaie de capturer l’ancienne base aérienne de l’armée syrienne, qui est tombée entre les mains des insurgés en août 2013.

Enfin, un groupe de 34 personnes dont les valises contenaient 15 kilogrammes d’explosifs et des vestes servant aux attentats-suicides a été arrêté par des militaires dans l’extrême-sud de la Turquie, à la frontière avec la Syrie.

L’agence de presse turque Anadolu ajoute mercredi que le groupe était constitué de quatre hommes, dix femmes et 20 enfants.

Ces personnes ont été interceptées près de la ville d’Oguzeli, dans la province de Gaziantep, après que les militaires aient reçu une information sur le contenu de leurs bagages.

On ne sait pas si les suspects sont associés au groupe armé État islamique.

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