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Le Népal, un an après le séisme

Photo: Stanley Péan

Le 25 avril 2015, un tremblement de terre de magnitude 7,8 frappait Katmandou et ses environs, faisant 8 600 victimes et plus du double de blessés. Un an après la catastrophe la plus meurtrière dans cette région depuis 1934, le Népal panse ses plaies.

«J’étais au champ au moment de la secousse», confie Bishnu, encore sous le choc. Ce fermier des environs de Gotikhel, membre de l’Union coopérative des producteurs laitiers du district de Lalitpur (LDMPCU), nous fait visiter la maison fissurée de toute part que sa famille ne peut plus habiter, qui sert désormais d’entrepôt pour les fruits de l’agriculture. Pour sa femme, Samita, il sera bientôt l’heure de traire leur bufflonne, comme chaque jour au déclin du soleil. Entre-temps, dans l’abri en tôle où ils logent avec leurs enfants, Samita prépare un thé à base de feuilles dont ils font la culture.

Dans toutes ces localités haut perchées de l’Himalaya, nous sommes reçus avec la proverbiale hospitalité népalaise: des foulards soyeux, des colliers de fleurs et le traditionnel teeka, marque rouge appliquée sur le front en signe de bienvenue. Et du thé, à toute heure. Les Népalais éprouvent de la reconnaissance pour l’aide internationale.

À Ghumthang, à Maneshwora, des femmes revendiquent l’accès à l’éducation, l’apprentissage d’un métier; les Népalaises veulent subvenir aux besoins de leur famille et contribuer à l’amélioration de leur qualité de vie, au développement de leur communauté. Dans une société réputée pour sa rigidité patriarcale, ce discours est porteur de renouveau.

En tout cas, une scène à Kharpachok contredit le proverbe oriental selon lequel «ceux qui mangent le riz ne connaissent pas la fatigue du bœuf qui a labouré le champ». Aux commandes de tracteurs portatifs, semblables aux souffleuses à neige québécoises, mis à leur disposition par le Nucleus for Empowerment through Skill Transfer (NEST), des paysannes travaillent au champ en l’absence de maris partis bosser au loin. Le plus beau, c’est que ces cultivatrices qui ont appris le maniement de ces engins ont déjà transmis la formation aux autres villageoises.

«Quand un voisin endommage ta propriété, tu peux toujours tenter de régler tes comptes avec lui. Mais quand c’est la nature qui s’acharne contre toi, à quoi bon espérer un dédommagement?» – Nabin, cultivateur de Sindhupalchok, au Népal

Dans cette autre bourgade sur le parcours, Reshna, une trentenaire mariée à l’adolescence, tient le magasin général. Après l’écroulement de la maison, qui abritait son commerce au rez-de-chaussée et son logis à l’étage, cette femme courageuse a emménagé dans un bâtiment de fortune aux murs en tôle rouillée, où s’entassent les enfants, les beaux-parents, son et elle, et où se trouve que la boutique où elle vend de tout, des espadrilles jusqu’au brandy local, en passant par des articles de toilette, des gadgets électroniques et de la nourriture. Entre la traite du bétail, les heures à la caisse de la boutique et la supervision des leçons et des devoirs, ses journées n’en finissent plus.

«Et quand tout s’est écroulé, vous est-il arrivé d’avoir envie de tout abandonner?»

Reshna sourcille. Dans ce pays de tradition bouddhiste, le désespoir n’est pas une option. Et le désir de donner à ses enfants l’accès à une vie meilleure est manifestement un formidable antidépresseur.

À titre d’ambassadeur du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), qui œuvre au Népal depuis 1987, l’écrivain Stanley Péan a pris part à une mission réalisée en mars 2016 dans le cadre du programme de coopération volontaire Uniterra, mis en œuvre par le CECI et l’EUMC, avec l’appui financier d’Affaires mondiales Canada.

Népal: Arrêt sur image
Du 17 mai au 12 juin
Au Gesù

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