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Tiken Jah Fakoly: «Personne ne va s’occuper de l’Afrique à notre place»

Tiken Jah Fakoly Photo: Josie Desmarais/Métro

C’est le chanteur le plus connu d’Afrique francophone et, sans doute, un des plus engagés aussi. Métro a parlé de la difficile émergence africaine avec Tiken Jah Fakoly, avant qu’il présente ses chants d’espoir et de révolte à Montréal.

L’Afrique connaît une prospérité fulgurante depuis le début du millénaire, mais connaît aussi son lot de problèmes, dont le terrorisme, les présidents-rois et l’exode des cerveaux. Voyez-vous l’avenir du continent avec confiance?
L’Afrique avance, c’est une réalité. Après, l’Afrique a des problèmes, comme partout ailleurs dans le monde d’ailleurs. Il faut dire que nous sommes un continent vieux de seulement 55 ans : ça fait à peine un demi-siècle que nous avons gagné notre indépendance. Il nous faudra du temps, mais l’Afrique, c’est le continent de l’avenir. En 2050, il y aura deux milliards d’Africains, et notre population est une des plus jeunes au monde.

L’Afrique s’est dotée d’une stratégie pour devenir «émergente» à l’horizon de 2050. Est-ce une échéance réaliste?
Il est permis de rêver. Martin Luther King a rêvé, et regardez : aujourd’hui la première dame des États-Unis est une descendante d’esclave!

L’émergence africaine dépendra de la société civile. Celle-ci doit être présente et réveillée, parce que personne ne viendra prendre soin de l’Afrique à notre place. C’est à la société de dire à ses dirigeants qu’il faut arrêter la corruption ou qu’il faut partir après trois mandats. Le seul chemin qui s’ouvre à nous, c’est celui de la contestation.

«L’événement du siècle, pour moi, c’est l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche.» –Tiken Jah Fakoly

Vous dites fréquemment que la place des Africains est en Afrique. Est-ce en raison de l’accueil souvent difficile que l’Europe leur réserve?
Nos ancêtres se sont battus pour obtenir leur indépendance, ils n’ont pas fui. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on fait l’inverse en s’exilant. La démocratie, pourtant, ne tombera pas du ciel : il faut la conquérir si on la veut!

Au sujet de l’exode de nos jeunes vers l’Europe, il faut dire qu’ils n’ont pas conscience des difficultés qui les attendent là-bas, parce qu’ils se font vendre du rêve. La réalité est souvent beaucoup plus dure que les rêves de Ferrari sur les Champs-Élysées qu’on leur a rentrés dans la tête.

Le premier président afro-américain de l’Histoire quittera bientôt la Maison-Blanche. Qu’avez-vous pensé de sa présidence?
Je suis tellement content d’avoir vécu ça! Imaginez : la plupart des ouvriers qui ont monté les briques de la Maison-Blanche étaient des esclaves noirs. Qu’un couple noir en soit aujourd’hui le locataire, pour moi, c’est très significatif.

Tiken Jah Fakoly
Le 6 mai à 20 h 30
Au Métropolis

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